Le concepteur danois du sous-marin artisanal Nautilus a affirmé que la journaliste suédoise portée disparue depuis le 11 août était morte accidentellement à bord de son submersible et qu'il avait jeté son corps à la mer, a annoncé la police danoise lundi.
Peter Madsen avait dans un premier temps assuré avoir laissé la journaliste Kim Wall, qui réalisait un reportage sur lui, à bord de l'appareil dont il est le propriétaire, sur la pointe de l'île de Refshaleøen, à Copenhague, dans la soirée du 10 août.
Mais cet homme, accusé d'homicide involontaire par négligence, a finalement «déclaré à la police et au tribunal qu'il y avait eu un accident à bord du sous-marin qui avait conduit à la mort de Kim Wall et qu'il l'avait ensuite jetée à la mer dans un lieu encore indéterminé dans la baie de Køge», à environ 50 kilomètres au sud de la capitale danoise, a expliqué la police dans un communiqué.
La police a annoncé plus tard dans la journée lundi avoir retrouvé un torse de femme près de la baie de Køge.
«Quand je dis un torse, je parle d'un corps sans tête, sans bras et sans jambe», a déclaré la cheffe de la police Jens Moller Jensen lors d'une conférence de presse, ajoutant qu'il était trop tôt pour dire s'il s'agissait de celui de la journaliste.
D'intenses recherches sont menées depuis plusieurs jours, effectuées à l'aide d'hélicoptères, de bateaux et de plongeurs.
Le 11 août, la défense danoise avait annoncé chercher le Nautilus, long de 18 m, qui avait disparu la veille au soir dans le détroit d'Öresund, entre Danemark et Suède, avec deux personnes à son bord.
Son propriétaire avait été secouru mais les autorités étaient à la recherche de Kim Wall, âgée de 30 ans.
Le sous-marin avait été localisé dans la journée du 11 août dans la baie de Køge. Il avait été renfloué et fouillé, sans que les autorités parviennent à trouver trace de la journaliste. Pour la police danoise, il a été délibérément coulé.
Peter Madsen, 46 ans, avait alors été soupçonné d'homicide involontaire, et avait été présenté devant un juge le 12 août. Les audiences se sont depuis déroulées à huit clos, si bien que la date de ses révélations reste inconnue.
Journaliste indépendante
Kim Wall, journaliste indépendante, avait collaboré avec The Guardian et le New York Times. Diplômée de l'Ecole de journalisme de Columbia (New York), elle était basée à New York et en Chine.
Ses amis la décrivent comme «invincible», «ambitieuse» et «voyant toujours quelque chose de bon chez une personne», d'après les médias suédois.
Peter Madsen et Kim Wall avaient été aperçus par plusieurs personnes à bord du sous-marin, le soir du 10 août.
Des photos d'eux, sur lesquelles ils apparaissent debout, la jeune femme souriante, en haut de la tour du submersible, ont circulé sur internet.
La chaîne de télévision danoise TV2 a diffusé des images de Peter Madsen, interrogé par la police, après son sauvetage. A un reporter qui lui avait demandé des renseignements sur la journaliste disparue, il avait répondu : «Je sais juste que son prénom est Kim».
«Malédiction sur le Nautilus»
Le Nautilus était le plus grand submersible artisanal du monde au moment de sa construction en 2008 par Peter Madsen avec l'aide d'une poignée de bénévoles, décrits sur le site internet consacré à l'appareil comme des «amateurs de sous-marins».
Ces bénévoles avaient toutefois eu un différend relatif au Nautilus entre 2014 et 2015, avant que les membres du Conseil d'administration ne décident de transférer la propriété du navire à M. Madsen.
Ce dernier avait envoyé un message à deux membres du Conseil en 2015, expliquant qu'il existait «une malédiction sur le Nautilus».
«Cette malédiction, c'est moi. Il n'y aura jamais de sérénité sur le Nautilus, tant que j'existerai», avait écrit Peter Madsen dans son texto, selon un message posté en danois par les bénévoles.
«Vous ne vous sentirez jamais bien dans ce sous-marin ... Ne mettons pas davantage de vies en péril dans ce bâtiment».
Avant de se lancer dans la création d'un sous-marin, Peter Madsen avait envisagé un temps de construire sa propre fusée.