Des jihadistes de Boko Haram ont tué au moins 31 personnes dans le nord-est du Nigeria, samedi soir, lors de deux attaques séparées.
Equipés d’armes, ils ont pris d’assaut deux îles du Lac Tchad, Duguri et Dabar Wanzam, sur lesquelles les pêcheurs de Baga se rendent régulièrement. Après avoir attaqué les pêcheurs en leur tirant dessus et en les dévalisant, ils ont tué quatorze personnes sur la première île, et dix-sept autres sur la seconde.
Dissuader l'exploitation du lac par les civils
L’alerte a été donnée lundi par un pêcheur de Baga qui s’est rendu dans la capitale de l’Etat du Borno, Maigurui, deux jours après le drame. Il affirme que les jihadistes ont sauvé la vie d’un de ses collègues, l’obligeant à transporter les corps des victimes jusqu’à la ville de Baga.
L’attaque serait une menace servant à dissuader tout commerce et toute exploitation du Lac Tchad par les populations civiles. Les interdictions de pêcher dans le lac venaient pourtant d’être levées par l’armée nigériane, permettant aux villageois d’aller s’approvisionner eux-mêmes.
Forte présence de Boko Haram dans la région
Les habitants qui résident autour du Lac Tchad ont vu l’étendue d’eau fondre à cause de la sécheresse, passant de 25.000 kilomètres carrés en 1973 à 2.000 kilomètres carrés aujourd’hui. Par conséquent, pêcher dans le lac est l’une des seules façons pour eux de ne pas être uniquement dépendant de l’aide alimentaire, alors que la majorité de la population souffre déjà de malnutrition.
Mais c’est une tâche qui s’avère de plus en plus compliquée, l’instabilité de la région ayant séduit Boko Haram qui y enchaîne les opérations terroristes. Depuis 2009, le groupe terroriste a déjà fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés, et a détruit toute économie dans la région du lac. Les combattants utilisent ces îles comme base de repli, afin de conserver la main sur la région malgré leur éviction de la ville de Baga, d’où ils ont été chassés en février 2015 par l’armée nigériane.