Le gouvernement turc a fermement défendu dimanche son projet d'autoriser les religieux à célébrer des mariages, malgré les critiques de l'opposition pour qui ce projet de loi, s'il était adopté, saperait les fondements de la République.
Actuellement en Turquie, pays majoritairement musulman et officiellement laïc, les couples, même les plus pieux, doivent être unis par un officier d'état civil, non pas par un religieux. Or une proposition de loi présentée la semaine dernière au Parlement entend donner aux muftis le pouvoir de célébrer des mariages. En Turquie, les leaders religieux, dont les muftis, sont employés par le Département des affaires religieuses, le Diyanet.
Le CHP, principal parti d'opposition, dénonce le projet de loi, dans lequel il voit l'ultime initiative de l'AKP, le parti du président Recep Tayyip Erdogan, pour islamiser la Turquie. Mais Bekir Bozdag, vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement, estime qu'il s'agit uniquement de proposer plus d'options aux Turcs. «Ce changement ne s'attaque pas aux principes de la laïcité. Au contraire, il est dans la droite ligne de la laïcité et de l'Etat de droit», a-t-il écrit sur Twitter.
«Ce changement va rendre les mariages officiels plus aisés et les accélérer, il va aussi protéger les femmes dans le cadre du droit conjugal». En outre, a insisté M. Bozdag, il n'est pas question d'imposer les mariages religieux puisque, selon lui, les mariages civils garderont toute leur validité.
Accusations d'islamisation de la société
Homme fort de Turquie depuis 2003, M. Erdogan est régulièrement accusé par ses détracteurs de vouloir islamiser la société turque. Son gouvernement a progressivement annulé l'interdiction du port du voile dans les institutions, autorisant les femmes à être voilées dans les universités et au Parlement et, ces dernières années, dans la fonction publique et les lycées, au grand dam des tenants de la République laïque fondée en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk.
Les autorités turques rejettent toutefois les accusations d'islamisation de la société et soutiennent que ces interdictions du port du voile islamique fermaient les portes des universités et de nombreuses institutions aux femmes qui voulaient le porter.