Israël va rouvrir dimanche l'accès de l'esplanade des Mosquées dans la vieille ville de Jérusalem exceptionnellement fermée vendredi ce qui avait provoqué un tollé dans monde musulman.
La fermeture du troisième lieu saint de l'islam, un site ultra-sensible au cœur du conflit israélo-palestinien avait été décidée à la suite d'une attaque menée par trois Arabes israéliens dans la vieille ville qui a coûté la vie à deux policiers israéliens.
La fermeture de l'esplanade a ravivé les craintes des Palestiniens et des musulmans de voir Israël prendre le contrôle exclusif du site. Ce dernier, également révéré par les juifs comme le Mont du Temple, est situé dans la vieille ville, dans la partie orientale Jérusalem occupée et annexée par Israël depuis 1967.
«Il a été décidé de rouvrir le Mont du Temple (l'esplanade des Mosquées) progressivement demain pour les fidèles, les visiteurs et les touristes», a annoncé samedi soir un communiqué du bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
«Il a également été décidé que des détecteurs de métaux seront installés aux entrées et que des caméras extérieures couvriront les mouvements à l'extérieur», de l'esplanade, a ajouté le communiqué de M. Netanyahu. Le Premier ministre israélien sera dimanche à Paris pour commémorer la rafle du Vel d'hiv et rencontrer pour la première fois Emmanuel Macron.
La fermeture de l'esplanade avait été dénoncée dans le monde arabe notamment en Jordanie, gardienne des lieux saints de Jérusalem et signataire d'un traité de paix avec l'Etat hébreu.
«Événement dangereux»
M. Netanyahu a toutefois rejeté les critiques d'Amman. «Au lieu de dénoncer l'attaque terroriste, la Jordanie a choisi d'attaquer Israël. Il serait approprié que toutes les parties impliquées, y compris la Jordanie, fassent preuve de retenue et évitent d'enflammer l'atmosphère», ont indiqué les médias en citant des hauts responsables.
La Jordanie et l'Autorité palestinienne ont appelé à une «réouverture immédiate» du site. Qualifiant d'«événement dangereux» la fermeture du site, le ministre jordanien des Affaires islamiques Wael Arabiyat a averti samedi Israël contre les conséquences de cette décision alors qu'Amman, quelques centaines de personnes ont manifesté contre Israël à l'appel des Frères musulmans, appelant à «libérer al-Aqsa», selon un journaliste de l'AFP.
Le directeur du conseil du Waqf, l'organisme chargé de la gestion des biens musulmans Abdel Azim Salhab a affirmé aux journalistes que la fermeture de l'esplanade constituait la «pire agression depuis 1967» contre ce site en faisant allusion au début de l'occupation israélienne.
Selon lui, trois employés du Wafq bloqués par la police dans les bureaux de cet organisme situés sur l'esplanade ont constaté des «dégâts» commis par les policiers lors de leurs recherches après l'attaque.
En outre, en raison des fortes tensions, M. Netanyahu pourrait renoncer à sa décision de lever l'interdiction aux députés israéliens de se rendre sur ce site à titre de test durant cinq jours à compter du 23 juillet, selon la télévision publique. Il avait imposé cette interdiction il y a deux ans après une vague de violences.
Les juifs sont autorisés à se rendre sur ce site, mais pas d'y prier. M. Netanyahu a répété que le «statu quo sera préservé», après l'attaque de vendredi. Il a également eu une rare conversation téléphonique avec le président palestinien Mahmoud Abbas qui a exprimé «son rejet de tout acte de violence d'où qu'il vienne».
Sécurité renforcée
La vieille ville de Jérusalem avait pris samedi des allures de forteresse avec une partie de ses portes sous contrôle strict et l'accès à l'esplanade des Mosquées interdit.
Les forces de l'ordre avaient mis en place un dispositif impressionnant. Des barrières ont été installées pour empêcher les voitures et les piétons de s'approcher de la porte de Damas. Seuls ceux disposant de papiers d'identité prouvant qu'ils résident dans la vieille ville ont pu passer.
«Il ne s'agit pas de sécurité. Ils veulent punir les citoyens arabes de Jérusalem», s'est insurgé le Palestinien Bader Jweihan, un comptable de 53 ans qui a tenté sans succès de rejoindre son lieu de travail.
Depuis octobre 2015, les violences ont causé la mort de 281 Palestiniens, de 44 Israéliens, de deux Jordaniens, d'un Érythréen, d'un Soudanais et d'une Britannique, selon un décompte de l'AFP. Ces violences avaient eu tendance a fortement baissé ces derniers mois.