Les présidents français Emmanuel Macron et américain Donald Trump ont affiché jeudi à Paris une entente presque parfaite et exprimé leur détermination à travailler ensemble sur tous les sujets, mettant en sourdine leur principal désaccord sur le climat.
Donald Trump et son épouse Melania sont à Paris pour deux jours, invités d'honneur de la France pour commémorer le centenaire de l'entrée des Etats-Unis dans la Première Guerre mondiale. Lors d'une conférence de presse commune à l'Elysée, les deux dirigeants ont multiplié les amabilités, Donald Trump affirmant les «liens indestructibles» avec la France, Emmanuel Macron évoquant la «détermination» des deux pays à «travailler ensemble» et qualifiant son homologue d'«ami».
Donald Trump et Emmanuel Macron, qui se sont entretenus en tête-à-tête puis avec leurs délégations, ont avant tout abordé leur thème jugé prioritaire, la lutte contre le terrorisme.«Nos vues sont parfaitement alignées pour éradiquer les terroristes», a déclaré le président français. «La France a une excellente capacité en matière de contre-terrorisme», s'est réjoui Donald Trump.
Concernant l'Irak et la Syrie, où la France est le deuxième contributeur de la coalition antijihadiste menée par les Etats-Unis, Emmanuel Macron a dit que les deux pays souhaitaient, au-delà de la lutte contre les groupes terroristes, travailler à une solution politique. Il a évoqué le lancement d'un nouveau «groupe de contact sur la Syrie», comprenant les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et des pays régionaux, sans plus de précision.
Calmer le jeu sur le climat
A propos du sujet crucial du climat, qui oppose Washington au reste du monde, les deux dirigeants ont nettement joué l'apaisement, tout en restant très flous sur les possibilités de résoudre le différend. «Je respecte la décision du président Trump. Il va ainsi mener la réflexion et le travail qui conviennent et qui correspondent à ses engagements de campagne», a ainsi déclaré Emmanuel Macron, ajoutant qu'il restait «attaché à l'accord de Paris».
«Quelque chose pourrait se passer» concernant cet accord, a répondu le président Trump, six semaines après avoir annoncé que les Etats-Unis comptaient sortir du Traité signé en 2015. «Nous verrons ce qu'il se passe», a-t-il ajouté, très sybillin, «nous en parlerons au cours de la période à venir».
Par ailleurs, interrogés par un journaliste chinois sur ce qu'ils pensaient du président Xi, Donald Trump et Emmanuel Macron ont tressé les louanges du dirigeant et évité de mentionner la mort en détention, jeudi, du dissident Liu Xiaobo, prix Nobel de la Paix. Emmanuel Macron lui a rendu hommage un peu plus tard sur twitter.
Dîner d'amis
Le couple Trump était arrivé jeudi matin à Paris. Une visite bienvenue pour le président américain, loin de l'atmosphère plombée de Washington où le nom de son fils est désormais cité dans le scandale de collusion présumée avec la Russie. Interrogé à ce sujet lors de la conférence de presse, Donald Trump a répondu que son fils était un homme «merveilleux» et n'avait rien à se reprocher.
La République française s'est mise en quatre pour accueillir le couple Trump, reçu en grande pompe jeudi après-midi à l'Hôtel National des Invalides. Dans la matinée, Melania Trump s'était rendue dans un hôpital parisien pour enfants, puis a visité la cathédrale de Notre-Dame de Paris avec Brigitte Macron avant de faire en sa compagnie une croisière sur la Seine.
Jeudi soir, les deux couples présidentiels iront partager un «diner d'amis», selon l'expression d'Emmanuel Macron, au deuxième étage de la Tour Eiffel, dans un restaurant étoilé offrant une vue d'exception sur la Ville Lumière. Vendredi, Donald Trump assistera au traditionnel défilé militaire du 14 juillet sur les Champs-Elysées, où se succéderont soldats américains et français.
Bonne alchimie
Donald Trump et Emmanuel Macron, que tout semble opposer au premier abord, «ont beaucoup de choses en commun dans leur façon de voir le monde», estime un haut responsable américain. Selon lui, il y a «une très bonne alchimie» entre le centriste pro-européen français âgé de 39 ans et l'isolationniste et impétueux Américain de 71 ans. «Ils ont une relation de travail extrêmement ouverte, franche, mais aussi constructive», acquiesce-t-on côté français.
A la récente réunion du G20, le président français a multiplié les amabilités, les gestes complices, les accolades, en net contraste avec les autres Européens, notamment Angela Merkel, très critique vis-à-vis de l'Américain. Hasard du calendrier, la chancelière allemande était à Paris jeudi en même temps que Donald Trump, pour un sommet franco-allemand qu'elle a coprésidé dans la matinée avec Emmanuel Macron.