Une étude alarmante conclut qu’une extinction massive des animaux est actuellement en cours.
Ce serait ainsi la sixième extinction de masse que connaîtrait la planète, selon cette étude publiée le 10 juillet dans Proceedings of the National Academy of Sciences. D’après les trois chercheurs Geraldo Ceballos (université nationale autonome du Mexique), Paul Ehrlich et Rodolfo Dirzo (université de Stanford), les vertébrés disparaissent de plus en plus de la surface de la Terre, à une rapidité inquiétante. Ces espèces comptent désormais moins d’animaux, et la surface terrestre qu’ils occupaient rétrécit comme peau de chagrin.
Pour cette nouvelle étude, les trois universitaires ont choisi de se concentrer sur la disparition des groupes d’animaux sur Terre, et non sur celle des espèces. «L’accent prononcé sur l’extinction des espèces […] peut donner l’impression, à tort, que la biodiversité terrestre n’est pas immédiatement menacée, mais qu’elle entre juste lentement dans un épisode d’érosion majeur qui ne nécessite pas d’inquiétude profonde immédiate», expliquent les auteurs.
En effet, «seules» deux espèces disparaissent en moyenne chaque année, un chiffre qui pourrait sembler relativement faible, alors que d’autres espèces, parfois répandues, comptent de moins en moins d’individus, sans pour autant être en voie de disparition. Or, «la disparition des populations précède irrémédiablement celle de l’espèce», préviennent les chercheurs, et «une analyse détaillée du déclin des effectifs d’animaux rend le problème bien plus clair et inquiétant», ont-ils ajouté.
Un déclin «extrêmement élevé»
Dans le cadre de leurs recherches, les scientifiques se sont appuyés sur la Liste rouge mondiale des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). A l’aide de la carte élaborée par cet organisme, qui détermine la répartition des espèces de mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens sur Terre, les trois auteurs de l’étude se sont concentrés sur l’extinction de 177 mammifères, soit environ la moitié des mammifères connus, sur les cinq continents entre 1900 et 2015.
Ils ont découvert que «le déclin de la population de mammifères terrestres [était] extrêmement élevé, même chez les «espèces les moins préoccupantes»», peut-on lire dans l’étude. Dans le détail, il semblerait que 32% des animaux étudiés étaient en déclin, autant en termes de population que d’étendue. De plus, toutes ces espèces ont perdu au moins 30% de leur étendue géographique, et plus de 40% d’entre eux ont été victimes d’un sévère rétrécissement de leur territoire, allant jusqu’à un 80%.
«Plusieurs espèces, qui étaient relativement en sécurité il y a une ou deux décennies, sont désormais en danger», ont également observé les trois auteurs. Ces derniers ont dénombré seulement 7.000 guépards et moins de 5.000 orang-outans à Bornéo et sur l’île de Sumatra. La population de lions a chuté de 43% depuis 1993, tandis que 115.000 girafes ont disparu depuis 1985. Quant au pangolin, il a été tout bonnement décimé.
Deux ou trois décennies pour agir
Certaines pertes sont déjà irréversibles, mais tout n’est pas perdu : selon les scientifiques, si cette sixième extinction de masse est déjà bien installée, nous disposons désormais d’une «fenêtre de tir très étroite pour agir efficacement, soit deux ou trois décennies maximum».
Si rien n’est fait, cet «anéantissement biologique», pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la biodiversité, la population humaine, ainsi que l’économie, préviennent les chercheurs en conclusion de cette étude.