Effacer les souvenirs d’une personne ne relève plus de la science-fiction. Selon une nouvelle étude, des scientifiques auraient été capables d’effacer des souvenirs spécifiques contenus dans le cerveau d’un mollusque.
Suite à ces résultats, les chercheurs estiment qu’à terme, un médicament pourrait être mis au point pour avoir les mêmes effets sur le cerveau humain.
Dans le cadre de cette recherche publiée jeudi dans Current Biology, les scientifiques des universités McGill et Columbia ont effectué les expériences sur un lièvre de mer, l’aplysia. Ils ont découvert que les souvenirs associatifs (reliés à d’autres souvenirs, et solidement ancrés dans notre mémoire), et ceux qui sont, au contraire, dissociatifs, restent en mémoire grâce à deux types de molécules distinctes. En bloquant l’une d’elles, les scientifiques peuvent ainsi décider du type de souvenir à supprimer.
Pour l’instant, il est impossible de déterminer si ce processus est définitif ou temporaire, et s’il serait aussi applicable aux êtres humains. Samuel Schacher, professeur en neuroscience à Columbia, l’un des chercheurs impliqués dans cette étude, a expliqué dans un communiqué qu’une telle découverte pourrait être bénéfique pour les personnes souffrant d’anxiété suite à un traumatisme, sans pour autant supprimer l’événement en lui-même.
Le professeur a évoqué, dans le communiqué, l’exemple d’une agression : «si vous marchez dans un endroit où la criminalité est importante, que vous prenez un raccourci et que vous vous faites agresser dans une allée sombre, et que soudain, vous apercevez une boîte aux lettres, il est possible que vous deveniez nerveux en glissant une lettre à l’avenir».
Le but des prochaines recherches serait ainsi de déterminer comment supprimer le souvenir dissociatif de l'agression qui entraîne l’angoisse de la boîte aux lettres, plutôt que d’effacer l’attaque en elle-même. «En isolant la molécule exacte qui contient le souvenir dissociatif, nous serions probablement capables de traiter l’anxiété sans affecter la mémoire du patient», a expliqué le professeur en psychiatrie Jiangyuan Hu, un autre chercheur de Columbia, dans le même communiqué.