Le Premier ministre irlandais Enda Kenny s'est dit «préoccupé» dimanche par la perspective d'un accord entre le parti nord-irlandais DUP et les conservateurs de la Première ministre britannique Theresa May, qui représenterait «un défi» pour le processus de paix en Irlande du Nord.
Dans une conversation téléphonique avec Theresa May, le chef du gouvernement irlandais «a fait part de sa préoccupation sur le fait que rien ne doit remettre en cause l'Accord du Vendredi saint» et du «défi que représenterait un accord» entre le DUP et les Tories britanniques, a indiqué un porte-parole d'Enda Kenny dans un communiqué.
«Parlé avec la Première ministre May. J'ai exprimé ma préoccupation sur le fait que rien ne doit remettre en cause l'Accord du Vendredi saint ainsi que sur l'absence de voix nationalistes à Westminster», a ensuite tweeté M. Kenny, qui doit laisser sa place de Premier ministre à son successeur Leo Varadkar la semaine prochaine.
Spoke w PM May -indicated my concern that nothing should happen to put GoodFridayAgrmt at risk & absence of nationalist voice in Westminster
— Enda Kenny (@EndaKennyTD) 11 juin 2017
Les conservateurs de Theresa May sont en discussion avec le parti protestant ultra-conservateur du DUP après avoir perdu leur majorité absolue au parlement britannique lors des législatives de jeudi dernier.
Le soutien des dix élus du Parti unioniste démocrate est indispensable pour offrir une courte majorité aux Tories qui ne disposent plus que de 318 députés.
Un projet d'alliance très critiqué
Mais ce projet d'alliance suscite des critiques, à cause du conservatisme social du parti nord-irlandais, mais aussi parce qu'il pose la question de la neutralité du gouvernement britannique en Irlande du Nord, une région toujours soumise à de fortes tensions, vingt ans après la fin des «Troubles».
L'Accord du Vendredi saint a mis fin en 1998 à trente ans de violences interconfessionnelles qui ont fait plus de 3.000 morts entre loyalistes protestants et républicains catholiques.
Premier parti d'Irlande du nord, le DUP est, selon les termes de l'accord de paix, engagé dans une coalition obligatoire avec le parti républicain Sinn Féin. Celui-ci a décroché sept députés au parlement britannique jeudi mais refuse historiquement d'y siéger.
L'autre parti nationaliste nord-irlandais, le SDLP, n'a pas réussi à décrocher de siège de député, d'où l'inquiétude d'Enda Kenny face à un éventuel déséquilibre dû à l'absence de «voix nationaliste» au parlement de Westminster.