Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a invité lundi 29 mai au Vatican le pape François à se rendre au Canada pour présenter des excuses aux peuples autochtones, dans un souci de réconciliation.
«Je lui ai parlé du désir profond des Canadiens d'avoir une vraie réconciliation avec les peuples autochtones et j'ai parlé de comment lui il pourrait aider avec des excuses», a déclaré le Premier ministre canadien devant la presse. Justin Trudeau a dit que le chef de l'Eglise catholique lui avait assuré avoir toujours à coeur la défense des plus «marginalisés» et qu'il était prêt à travailler avec les autorités canadiennes pour trouver une issue sur ce point. Il n'a pas évoqué de réponse éventuelle du pape à son invitation à se rendre au Canada.
Justin Trudeau souhaitait s'entretenir avec le souverain pontife des autochtones du Canada victimes des politiques d'assimilation auxquelles l'Eglise catholique a activement participé. Beaucoup d'entre eux ont aussi été victimes pendant plus d'un siècle de sévices dans des pensionnats principalement régis par l'Eglise.
Près de 7.000 élèves entendus
Cette démarche figurait parmi les recommandations faites fin 2015 par la Commission de vérité et réconciliation du Canada qui a entendu pendant six ans les témoignages de près de 7.000 anciens élèves. Visiblement détendus pendant les quelques minutes de la partie publique de l'audience, le pape et le Premier ministre du Canada ont échangé sourires et plaisanteries à l'issue de 36 minutes d'entretien privé.
Cet échange a porté «sur les thèmes de l'intégration et de la réconciliation, ainsi que sur la liberté religieuse et les problématiques éthiques actuelles», s'est contenté d'indiquer le Vatican dans un communiqué.
Alors que Justin Trudeau Trudeau revenait du sommet du G7 à Taormina, en Italie, les deux hommes ont aussi évoqué «des questions à caractère international, avec une attention particulière pour le Moyen-Orient et les zones de conflit». Catholique élevé dans un collège jésuite, Justin Trudeau a mis en place une politique d'accueil et d'intégration des réfugiés, en particulier syriens. Mais le jeune dirigeant est aussi un fervent défenseur des droits des homosexuels et des transgenres.
150.000 enfants enrôlés de force
Et pour lui, la question autochtone est «une priorité», a insisté un porte-parole. Au Canada, 150.000 enfants amérindiens, métis et inuits ont été enrôlés de force dans 139 pensionnats gérés par des communautés religieuses, au nom du gouvernement canadien. Nombre d'entre eux ont été soumis à de mauvais traitements ou à des sévices sexuels. Le chef de gouvernment a lui-même présenté ses «excuses les plus sincères» aux autochtones et leur a demandé «pardon» au nom du gouvernement du Canada.
Depuis son élection en 2013, François a pour sa part présenté des excuses au nom de l'Eglise aux victimes d'agressions sexuelles, aux protestants persécutés dans le Nord de l'Italie et aux peuples autochtones d'Amérique du Sud pour la complicité de l'Eglise dans l'oppression dont ils ont été victimes pendant les conquêtes coloniales.