L'alliance de combattants kurdes et arabes qui lutte contre Daesh en Syrie s'est emparée mercredi de la ville de Tabqa et son barrage, étape clé dans la bataille pour le fief jihadiste de Raqqa, en attendant les livraisons d'armes américaines.
La prise de Tabqa représente une étape majeure dans l'offensive lancée en novembre par les combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS) en vue d'isoler Raqqa, «capitale» de facto de Daesh située à 55 km plus à l'est, avec le soutien aérien et logistique de Washington.
Pour accélérer la défaite des jihadistes, la Maison Blanche vient d'autoriser le Pentagone à livrer des armes aux YPG, composante kurde des FDS considérée par les États-Unis comme la meilleure force pour affronter Daesh dans le nord de la Syrie. L'envoi d'armes américaines aux milices kurdes a irrité la Turquie qui qualifie ces forces de «terroristes», le président Recep Tayyip Erdogan exhortant les États-Unis à revenir «sans délai» sur leur décision.
Malgré l'ire turque, le chef du Pentagone Jim Mattis s'est dit confiant dans la capacité de Washington à «dissiper toutes les inquiétudes» de la Turquie. «Nous allons travailler très étroitement (...) pour soutenir sa sécurité sur la frontière» avec la Syrie, a-t-il dit. C'est la première fois qu'une administration américaine fournit officiellement des armes aux YPG. Les Américains avaient jusque-là toujours affirmé qu'ils ne livraient des armes qu'aux alliés arabes des YPG, et pas aux milices kurdes elles-mêmes.
Le soutien américain aux YPG reposait essentiellement sur des frappes aériennes, et sur le conseil et l'assistance à ces milices. Les FDS ont salué mercredi une décision «importante» de la Maison Blanche qui va selon eux «accélérer la défaite du terrorisme». Les YPG ont pour leur part salué une «décision historique» qui donnera «un élan important» à toutes les forces combattant Daesh.
Ce dossier empoisonne depuis plusieurs mois les relations entre les États-Unis et la Turquie, deux membres importants de l'Otan et de la coalition internationale qui combat les jihadistes, et illustre la complexité du conflit syrien, notamment dans le nord du pays. L'élection de Donald Trump avait suscité en Turquie l'espoir d'un changement de position vis-à-vis des milices kurdes, que l'administration Obama avait déjà décidé de soutenir pour contrer l'expansion jihadiste.