La police locale a annoncé l'arrestation de 165 personnes, dont 139 pour des «manifestations non autorisées» à Istanbul.
La Turquie célébrait lundi une fête du travail sous tension, deux semaines après un référendum dont le résultat est contesté par l'opposition et qui a considérablement renforcé les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan. Le groupe de manifestants dispersé, composé de divers groupes de gauche, avait déroulé des banderoles portant des slogans contre le gouvernement, tels que «Longue vie au 1er mai, non au dictateur!».
«Nous allons à Taksim parce que c'est un lieu significatif pour la classe ouvrière», a expliqué Sevim, une manifestante, peu avant l'intervention des forces de l'ordre. La place Taksim a été le principal lieu de rassemblement pour le 1er mai jusqu'en 1977, lorsque 34 personnes avaient été tuées par des inconnus pendant des manifestations.
Après avoir été réautorisés en 2010, les rassemblements y ont été à nouveau interdits après les grandes manifestations antigouvernementales de 2013. Des barrages policiers ont ainsi été installés lundi pour bloquer les accès à la place située sur la rive européenne d'Istanbul.
Une manifestante lors du défilé du 1er mai en Turquie. OZAN KOSE / AFP
Dans la capitale, au moins 6.000 personnes ont manifesté, brandissant des lettres géantes formant le mot «Hayir» («non», en turc), ainsi que des banderoles «Non, c'est non», a constaté un photographe de l'AFP.
Un rassemblement officiel était autorisé
Le rassemblement officiel, autorisé par les autorités, a eu lieu à Bakirkoy, près de l'aéroport Atatürk d'Istanbul, et réuni plusieurs millers de personnes. Plus de 30.000 policiers ont été déployés à Istanbul pour la journée, selon Anadolu, et quelque 4.500 à Ankara.
Cette année, les rassemblements ont lieu sous le signe du référendum du 16 avril, qui portait sur une révision constitutionnelle renforçant les prérogatives du président et qui a été remporté par le camp du oui à 51,41%. L'opposition conteste ce résultat, dénonçant notamment la décision par le Haut-Conseil électoral (YSK), le jour du scrutin, de compter comme valides les bulletins de vote non marqués du sceau officiel.
Ses recours ayant été rejetés à la fois par l'YSK et le Conseil d'Etat, le principal parti d'opposition (CHP, social démocrate) a annoncé la semaine dernière vouloir saisir la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). «Nous ne pouvons pas accepter les résultats du référendum et la pression que nous avons subie (...) nous sommes là également pour faire entendre davantage notre voix et redonner de la force au non», a affirmé à l'AFP Türker Aksa, un étudiant qui manifestait à Bakirkoy.