Donald Trump tâchait mardi de marquer des points à l'approche de sa 100e journée au pouvoir, s'orientant vers un compromis avec les démocrates au Congrès sur la sécurité à la frontière mexicaine et promettant de dévoiler une réforme fiscale historique.
La Maison Blanche a commencé à dresser un bilan avantageux des 100 premiers jours, énumérant les accomplissements du dirigeant républicain: 30 décrets signés, 28 lois promulguées, baisse du nombre d'arrivées de clandestins, 38 coups de fils avec des dirigeants étrangers... En comparant au besoin ces statistiques à celles de ses prédécesseurs. «Le monde réagit au leadership que le président a institué à Washington», a déclaré Sean Spicer, son porte-parole, vantant l'action internationale de Donald Trump.
Sur le plan intérieur, le bilan réel est pourtant mince. Deux de ses projets phares, la fermeture sélective des frontières et l'abrogation de la loi sur la santé «Obamacare», ont échoué. S'il a engagé une vague de déréglementation économique et environnementale massive, ses effets mettront des mois ou des années à se produire. Seule la confirmation du juge conservateur Neil Gorsuch à la Cour suprême représente une victoire indéniable.
Ce qui explique la tension régnant au Congrès à l'approche de la date butoir de vendredi minuit, avant laquelle les élus doivent impérativement adopter un budget. L'échéance coïncide avec le 100e jour du mandat, samedi. Au-delà, l'Etat fédéral n'est plus financé et risquerait de fermer ses administrations, une paralysie humiliante pour le nouveau pouvoir républicain. La minorité démocrate du Sénat dispose d'un pouvoir effectif d'obstruction et a menacé de l'utiliser si le président américain persistait à exiger que cette loi budgétaire inclue des crédits pour lancer le chantier de son mur à la frontière avec le Mexique.
«Le mur sera construit»
Mais Donald Trump semble avoir lâché du lest. Selon des journalistes conservateurs reçus à la Maison Blanche lundi, il aurait accepté de reporter à plus tard la question du financement du mur. Les démocrates ont crié victoire. «Nous sommes contents qu'il ait reculé», a déclaré mardi le sénateur Chuck Schumer. «Les négociations peuvent reprendre».
Le locataire de la Maison Blanche n'a ni confirmé ni infirmé ce recul, répétant son objectif final : «le mur sera construit». «Nous avons tout le temps qu'il faut», a-t-il dit, confirmant que le mur serait construit avant la fin de son premier mandat. Son porte-parole, Sean Spicer, a expliqué que la planification du chantier pouvait déjà commencer, sous-entendu sans nouveaux fonds. L'administration, dit-il, demandera des crédits dans le budget de l'année 2018, qui commence le 1er octobre.
En fait, un compromis semblait émerger: au lieu de fonds pour construire le mur lui-même, les parlementaires pourraient voter une enveloppe pour renforcer la sécurité à la frontière, avec des drones, des détecteurs ou d'autres moyens techniques. Si de tels crédits sont votés, Donald Trump pourra crier victoire... tandis que l'opposition pourra affirmer qu'elle a freiné la construction du mur proprement dit, qu'elle considère autant comme un symbole que comme une mesure inefficace.
Un accord budgétaire pour terminer l'année 2017 (jusqu'au 30 septembre) mettra encore plusieurs jours à se concrétiser. Afin de ne pas risquer de fermeture administrative ce week-end, les élus pourraient voter une extension de quelques jours.
Big Bang fiscal
L'approche de l'échéance des 100 jours explique aussi l'annonce prévue mercredi d'un grand projet de réforme fiscale, présentée par Donald Trump comme «probablement la plus grande baisse d'impôts de l'histoire». Le taux de l'impôt sur les sociétés, actuellement de 35%, pourrait être abaissé à 15%, selon la promesse de campagne du républicain, et le nombre de tranches d'imposition pour les particuliers passer de sept à trois.
Là encore, le combat sera rude au Congrès. Les chefs républicains ont déjà admis que le calendrier initialement voulu pour l'adoption de la réforme, avant le mois d'août, était intenable. Mais l'annonce d'orientations par l'exécutif représenterait, en soi, un relatif accomplissement.