Les Etats-Unis, la Russie et le Royaume-Uni auraient su dès 1942 que l'Holocauste était à l'oeuvre, soit deux ans plus tôt que ce qu'il était admis jusqu'à présent, selon des documents inédits dévoilés par l'ONU.
Ces derniers font partie de milliers de documents traitant du génocide juif, émis par la Commission des crimes de guerre des Nations Unies et publiés cette semaine par la librairie britanique Wiener Library. Ils viennent modifier en profondeur la version actuelle, à savoir que les Alliés avaient découvert l'existence des camps d'extermination en même temps que le reste de la planète, soit quand ils y sont entrés à la fin de la guerre, en 1945.
Comme l'explique l'Historien britannique Dan Plesch, qui a convaincu les diplomates de l'Onu de publier les documents, en décembre 1942, les dirigeants américain, britannique et soviétique auraient été avertis que deux millions de Juifs avaient déja été assassinés. Un document rapporte ainsi que le secrétaire aux Affaires étrangères Anthony Eden, s'exprimant au nom de Washington, Londres et Moscou, avait informé le parlement britannique que les Nazis avaient entrepris d'exterminer les Juifs.
En mars 1943, l'archevêque de Canterbury, Wiliam Temple, a demandé au gouvernement britannique d'accepter les réfugiés Juifs qui risquaient de se faire massacrer. «Le gouvernement devrait offrir son soutien le plus complet à des mesures immédiates, à l'échelle la plus large possible, afin d'apporter une aide et un asile temporaire aux personnes menacées de se faire massacrer et qui parviennent à fuir les territoires ennemis et occupés par l'ennemi», écrivait-il à la Chambre des Lords.
Mais le Vicomte Cranborne, ministre de Winston Churchill, avait alors rétorqué que le Royaume-Uni n'était pas en capacité d'accueillir un grand nombre de réfugiés, et que le gouvernement devait se soucier d'abord de ses propres citoyens.