Des actes d'espionnage auraient été commis contre la communauté turque en Suisse par un «service de renseignements», a déclaré vendredi le Parquet fédéral suisse, annonçant l'ouverture d'une procédure pénale.
La procédure a été lancée le 16 mars, la justice suisse disposant de «réels soupçons» d'espionnage de «la communauté turque en Suisse» par un «service de renseignements politique», a indiqué le ministère public de la Confédération (MPC, procureur fédéral), qui a refusé cependant de donner plus de détails sur l'enquête et sur les personnes et organisations visées.
La justice suisse a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête sur des actes d'espionnage qui auraient été commis contre la communauté turque en Suisse par un "service de renseignements". Cette procédure pénale a été lancée le 16 mars, après que le ministère public de la Confédération (MPC, procureur fédéral) eut reçu le feu vert du gouvernement suisse, a indiqué le Parquet fédéral suisse.
La justice suisse refuse toutefois de donner plus de détails sur l'enquête et sur les personnes et organisations visées. Elle indique cependant qu'elle dispose de «réels soupçons» d'espionnage de «la communauté turque en Suisse» par un «service de renseignements politique». A la mi-mars, un représentant de la chambre haute du Parlement suisse avait porté plainte pour demander l'ouverture d'une enquête sur des activités d'espionnage d'organisations turques sur des Turcs ou des doubles nationaux vivant en Suisse.
Le référendum turc du 16 avril
Selon l'agence de presse suisse ATS, qui s'est procuré le document, le parlementaire Josef Dittli cible la Fondation turque-islamique suisse (Tiss) et l'Union des démocrates turcs-européens (UETD), comme étant impliquées dans des activité d'espionnage et de renseignements politiques. Proche de l'AKP, le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan, l'UETD a été ces dernières semaines à l'initiative de réunions électorales dans plusieurs pays d'Europe visant à promouvoir le oui au référendum du 16 avril organisé par Ankara pour renforcer les pouvoirs de M. Erdogan.
A la mi-mars également, la presse suisse s'est fait l'écho d'activités d'espionnage à l'Université de Zurich. Elles visaient des Turcs critiques envers le régime d'Ankara. Deux hommes présents le 11 janvier à un séminaire d'histoire sur le génocide arménien (dont la réalité est contestée par Ankara, ndlr) auraient systématiquement photographié les participants avec un téléphone portable, avait témoigné un doctorant au journal suisse Tages-Anzeiger. L'agence ATS a également rapporté qu'en décembre dernier, l'hommage rendu au journaliste Can Dündar, rédacteur en chef du journal d'opposition turc Cumhuriyet a aussi été filmé dans l'auditorium de l'Université de Zurich avec des portables.
L'annonce de l'ouverture de l'enquête par la justice suisse intervient au lendemain d'une rencontre en tête-à-tête entre les chefs de la diplomatie suisse et turque à Berne, alors que les relations entre la Turquie et plusieurs pays européens se sont fortement tendues ces dernières semaines après l'interdiction de meetings électoraux dans plusieurs pays européens avant le référendum du 16 avril. Lors de cette rencontre, le ministre suisse des Affaires étrangères, Didier Burkhalter, «a appelé la Turquie à respecter» le droit suisse, ajoutant que «la Suisse enquêtera sur toute allégation d'activités de renseignement commises sur son territoire».
Cet entretien a eu lieu en marge d'une visite du chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, à son ambassade à Berne (centre de la Suisse). M. Cavusoglu avait prévu de venir à Zurich (nord de la Suisse) le 12 mars pour participer à un rassemblement de soutien au référendum. Le gouvernement suisse avait autorisé sa venue, mais il n'avait finalement pas pu venir en Suisse car l'hôtel Hilton, où devait se tenir la réunion, avait annulé l'événement pour «des raisons de sécurité».