Donald Trump a signé lundi un nouveau décret interdisant l'entrée aux Etats-Unis aux voyageurs de six pays musulmans, rédigé de façon à passer l'obstacle de la justice mais qui suscite déjà la contestation.
Donald Trump a signé le décret dans le Bureau ovale, et non lors d'un événement médiatisé. Il entrera en vigueur le 16 mars. «Ce décret s'intègre dans nos efforts pour éliminer les vulnérabilités exploitées par les terroristes islamistes radicaux à des fins destructrices», a dit le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, lors d'une déclaration avec ses homologues de la Justice et de la Sécurité intérieure.
Principaux amendements par rapport au décret du 27 janvier bloqué par la justice fédérale : l'Irak ne fait plus partie des pays dont les ressortissants ne pourront plus entrer aux Etats-Unis, et les détenteurs de «cartes vertes» et de visas sont explicitement protégés. La suspension de l'accueil des réfugiés est décrétée pour cent-vingt jours, comme auparavant. Les réfugiés syriens, qui étaient bannis sine die, sont également bloqués pour cent-vingt jours. Ceux dont le voyage aux Etats-Unis était déjà planifié pourront toutefois venir.
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L'action présidentielle est le prélude à la mise en place d'une politique de «vérification extrême» aux frontières afin d'empêcher des infiltrations jihadistes. L'administration a justifié l'urgence de ces mesures en affirmant qu'environ trois cent personnes entrées comme réfugiés faisaient actuellement l'objet d'une enquête antiterroriste du FBI.
Donald Trump avait été accusé de discrimination envers les musulmans, potentiellement anticonstitutionnelle, lors du premier décret, qui a été suspendu par un juge le 3 février, et finalement révoqué par lui lundi. La nouvelle version est présentée comme plus solide juridiquement, fondée sur les pouvoirs exécutifs du président pour protéger la nation et appliquer les lois migratoires.
Les six pays de la liste d'interdiction, pour quatre-vingt-dix jours, sont les trois de la liste du département d'Etat des pays «soutenant le terrorisme» (Iran, Syrie, Soudan), ainsi que trois «Etats en faillite» (Libye, Somalie, Yémen), où vérifier les antécédents des demandeurs s'avère impossible, selon l'administration.
Déjà contesté
La réécriture a satisfait la majorité républicaine, dont beaucoup s'étaient désolidarisés du gouvernement. «Ce nouveau décret promeut notre objectif commun de protéger le pays», s'est félicité Paul Ryan, président de la Chambre des représentants. Mais les opposants de la première heure ont dénoncé un texte à peine édulcoré, toujours discriminatoire.
La grande ONG de défense des droits civiques ACLU a promis de le contester, tweetant : «Rendez-vous au tribunal».
"We'll continue to fight this in the courts." pic.twitter.com/Z16YkS8U9M
— ACLU National (@ACLU) 6 mars 2017
«Je suis sûr que ce décret fera face aux mêmes obstacles dans les tribunaux que le précédent», a déclaré le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer. Pour Bernie Sanders, arguant que la seule nationalité ne permettait pas de juger de la dangerosité d'un individu, la directive «raciste» sera en outre inefficace. Un rapport du département de la Sécurité intérieure, apparu dans la presse, a d'ailleurs conclu que les radicalisations intervenaient plusieurs années après l'arrivée aux Etats-Unis.