Les ministres européens des Affaires étrangères ont jeté lundi à Bruxelles les bases d'un «quartier général» militaire pour l'Union européenne, censé centraliser dès ce printemps le commandement de certaines missions extérieures.
Les 28 ont décidé «de mettre en place, à court terme, une capacité militaire de planification et de conduite au sein de l'état-major de l'UE à Bruxelles, qui sera chargée, au niveau stratégique, de la planification et de la conduite opérationnelles de missions militaires à mandat non exécutif», c'est-à-dire non combattant, selon le texte qu'ils ont adopté.
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«Depuis les années 1950 on a du mal à avancer dans le domaine de la défense, où l'UE a une histoire plutôt marquée par la division», a réagi la cheffe de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, en se disant «fière» de cette décision. Le QG embryonnaire sera «opérationnel dans les semaines à venir» et emploiera «environ 30 personnes», a-t-elle précisé.
Cette unité chapeautera de Bruxelles trois missions de formation de l'UE (quelque 600 soldats), actuellement déployées au Mali, en Somalie et en République centrafricaine, sous la houlette de l'actuel chef d'état-major européen, le général finlandais Esa Pulkkinen.
«Pas une armée européenne»
Plusieurs pays de l'UE, notamment le Royaume-Uni, voient d'un mauvais oeil toute initiative qui pourrait évoquer une armée européenne. Londres a toujours bloqué toute avancée dans ce domaine, au grand dam de pays comme la France et l'Allemagne.
«Ceci est l'embryon d'une plus grande responsabilité de l'Union européenne pour assurer sa propre défense», a souligné le ministre espagnol des Affaires étrangères, Alfonso Dastis, en arrivant à la réunion. «Il ne s'agit pas d'une armée européenne, je sais que ce qualificatif circule, c'est plutôt une façon plus efficace de faire notre travail militaire», a pour sa part insisté Mme Mogherini.
Consciente de l'instabilité croissante dans les régions qui l'entourent, et face au nouveau président américain Donald Trump, qui demande aux Européens de dépenser davantage pour leurs armées, l'UE ambitionne de renforcer la coopération de ses Etats membres en matière de défense. Bruxelles y voit aussi un moyen de mieux soutenir les industries européennes du secteur.
Ce quartier général embryonnaire concerne trois «missions non exécutives» déployées dans des pays africains qui souhaitent bénéficier du savoir-faire des militaires européens pour mieux former et entraîner leurs soldats.
Les trois missions militaires exécutives de l'UE (Sophia contre les passeurs en Méditerranée, Atalante contre la piraterie dans la Corne de l'Afrique et Althéa en Bosnie-Herzégovine) continueront d'être commandées à partir de QG établis dans les Etats membres.