L'artiste de rue britannique Banksy a révélé vendredi à Bethléem sa nouvelle création dans les Territoires palestiniens, un hôtel jouxtant le mur de séparation construit par Israël.
«Hotel Walled-Off» est à l'image de l'oeuvre de Banksy transfigurant la réalité avec poésie et une fausse naïveté: les chambres donnent directement sur le mur, un des emblèmes d'un conflit vieux de presque 70 ans.
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L'établissement se vante d'offrir «la pire vue que l'on puisse avoir d'un hôtel», a affirmé Bansky dans un communiqué. Walled-Off joue sur le nom d'une chaîne d'hôtels de luxe et «walled off», qui signifie «coupé par le mur» en anglais.
La vue de l'hôtel est tournée vers le mur de béton qui sépare la Cisjordanie d'Israël. [THOMAS COEX / AFP]
L'hôtel ouvert à partir du 20 mars
Dans un ancien immeuble résidentiel situé à quelques mètres du mur et vidé de ses occupants, Banksy a reconstitué avec son équipe un hôtel à l'intérieur un peu suranné, s'amusant à détourner des motifs célèbres pour la décoration.
Sur les neuf chambres sept ont été décorées par Banksy lui-même, tandis que les deux autres l'ont été par des artistes canadiens et palestiniens.
[THOMAS COEX / AFP]
Au-dessus d'un des lits, un soldat israélien et un manifestant palestinien se livrent à une bataille d'oreillers. Dans la suite présidentielle, un bain bouillonnant est alimenté par un ballon d'eau ressemblant à ceux installés sur les maisons de nombreux Palestiniens.
Le directeur de l'hôtel Wissam Salsaa insiste toutefois sur le fait qu'il ne s'agit pas d'un simple projet artistique, mais d'un véritable hôtel avec des chambres à louer à partir du 20 mars, pour 30 dollars la nuit concernant les plus abordables.
Un mur devenu «terrain d'expression politico-artistique»
Une grande partie de la ville de Bethléem vit à l'ombre du mur.
Israël a commencé en 2002 la construction de cette barrière, composée à cet endroit de blocs de béton de plusieurs mètres de haut, afin de se protéger des incursions de la Cisjordanie occupée, et en pleine vague d'attentats palestiniens au cours de la deuxième Intifada.
Achevée aux deux tiers, la barrière alternant tronçons en béton et clôtures, doit atteindre à terme environ 712 km, selon l'ONU.
Empiétant à 85% en Cisjordanie, elle est pour les Palestiniens l'un des symboles les plus honnis de l'occupation israélienne. Du côté palestinien, le mur est à la fois un lieu de protestation habituel et un terrain d'expression politico-artistique. Les fresques qui le recouvrent par endroits en font une attraction.
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