Les Farc, principale guérilla de Colombie, entament mercredi leur désarmement qu'ils devront avoir terminé fin mai, point essentiel de l'accord de paix signé avec le gouvernement pour mettre fin au plus vieux conflit d'Amérique latine.
«Mercredi le processus de désarmement commencera, ce qui implique l'inventaire des armes, la destruction de celles qui sont instables et le stockage des armes d'accompagnement (mitrailleuses, ndlr)», a déclaré mardi aux journalistes le Haut commissaire pour la paix, Sergio Jaramillo. L'accord de paix, signé le 24 novembre à l'issue de quatre ans de négociations délocalisées à Cuba, prévoit que les guérilleros déposent progressivement leurs armes dans un délai de 180 jours à partir du 1er décembre, un processus supervisé par les Nations unies.
Ils devront donc avoir terminé «le 29 mai prochain» au plus tard, a indiqué l'ONU dans un communiqué, saluant «le consensus des parties pour débuter sans tarder le processus d'abandon des armes». Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), plus ancienne et importante guérilla du pays, issue en 1964 d'une insurrection paysanne, comptent encore officiellement près de 7.000 combattants.
Mercredi, ils auraient dû remettre déjà 30% de leur arsenal, selon le calendrier établi dans l'accord de paix. Mais les opérations ont pris du retard en raison des problèmes logistiques pour rassembler les membres des Farc, a souligné M. Jaramillo qui a précisé que la date-butoir ne changerait toutefois pas. La guérilla et l'ONU vont travailler ensemble pour fixer une nouvelle date de remise de ces 30%, a-t-il indiqué. Le programme prévoyait également la remise au 1er mai de 30% additionnels puis au 1er juin des derniers 40%.
«Engagement total pour la paix»
«Mercredi 1er mars, malgré les retards (...), nous réaliserons l'inventaire des armes dans tous les campements (des Farc, ndlr) et nous redéfinirons le plan de destruction d'armes instables et explosives», a confirmé en conférence de presse Ivan Marquez, chef de la délégation des Farc aux négociations de paix. «Pour débuter fermement le processus de désarmement et comme preuve de notre engagement total pour la paix, les armes (...) passeront sous contrôle des Nations unies», a-t-il ajouté.
Le président Juan Manuel Santos, qui a reçu le prix Nobel de la Paix pour ses efforts de pacification, a souligné mardi sur Twitter que «la Colombie est entrée dans une étape irréversible dans la consolidation de la paix».
Tal y como estaba previsto, mañana inicia dejación de armas de las Farc verificada por @MisionONUCol, noticia histórica para los colombianos
— Juan Manuel Santos (@JuanManSantos) 28 février 2017
Il a annoncé à cette occasion l'investissement de 4 milliards de dollars dans les régions les plus affectées par le conflit, avec la mise en place de "16 plans de développement" sur le territoire.
L'accord de paix signé en novembre contenait plusieurs volets, notamment le désarmement des rebelles et la transformation de la plus importante guérilla du pays en parti politique. Les guérilleros des Farc ont terminé de se rassembler le 18 février, au lieu de fin décembre comme initialement prévu, dans 26 zones du pays, où ils doivent se démobiliser et préparer leur retour à la vie civile, sous la supervision de l'ONU.
Selon M. Jaramillo, cette semaine, 1.200 membres des Farc «devraient recevoir une résolution signée par le haut commissaire pour permettre aux juges» de leur accorder l'amnistie négociée lors des pourparlers de paix pour ceux accusés de délits politiques ou connexes. La Colombie entend mettre fin à un conflit armé de plus d'un demi-siècle, qui a impliqué une trentaine de guérillas, des paramilitaires et les forces de l'ordre, faisant au moins 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
Pour parvenir à une paix complète, le gouvernement a lancé en février des pourparlers de paix avec la dernière rébellion active sur le territoire colombien, l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste). Mais ce processus est menacé par de récents attentats revendiqués par ce groupe armé.