L'Indonésie est un des pays les plus inégalitaires de la planète. C'est ce que pointe un rapport de l'ONG Oxfam, qui rapporte que les quatre personnes les plus riches du pays possèdent une fortune cumulée supérieure aux 100 millions d'habitants les plus pauvres du pays.
Les frères Budi et Michael Hartono, qui dominent l'industrie locale du tabac, possèdent à eux seuls 25 milliards de dollars (23,64 milliards d'euros), soit autant que les 40% les plus pauvres sur une population de 250 millions d'habitants. Et selon Oxfam, les seuls intérêts que leur rapporte leur fortune permettraient d'éradiquer l'extrême pauvreté dans le pays.
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L'Indonésie a connu une forte croissance économique depuis le début des années 2000 (près de 5% en moyenne entre 2000 et 2016), «mais les bénéfices de cette croissance n'ont pas été répartis de manière équitable, et des millions de personnes n'en ont pas profité, notamment les femmes», explique Oxfam. Selon les standards de la Banque mondiale, près de 93 millions d'Indonésiens vivraient ainsi sous le seuil de pauvreté (3,10 euros).
Une croissance qui profite à une minorité
Dans le même temps, le nombre de millardaires est passé de un seul en 2002 à vingt en 2016, tous des hommes. «Le nombre croissant de millionaires et de milliardaires, comparé aux chiffres de la pauvreté, confirme que ce sont les riches qui prennent la part du lion sur les bénéfices dégagés par les performances économiques du pays, alors que des millions de personnes sont laissées de côté», analyse l'ONG.
Le président Joko Widodo avait pourtant promis de s'attaquer au problème des inégalités lors de son élection en 2014. Mais comme le note le Guardian, il a lui même concédé le mois dernier que le pays n'a fait que peu de progrès en la matière, et a promis de faire de la réduction des inégalités une priorité pour 2017.
Le rapport d'Oxfam pointe notamment l'absence de mesures permettant de limiter le phénomène de la concentration des richesses aux mains d'une minorité. Selon l'ONG, les élités économiques sont en position de déterminer les lois de manière à perpétuer la situation actuelle, en bloquant toute mesure allant à l'encontre de leurs intérêts.