La première journée de négociations de paix pour la Syrie s'est terminée lundi à Astana sans avancée apparente, au moment où la nouvelle administration américaine de Donald Trump se disait ouverte à une coopération avec la Russie contre Daesh en Syrie.
Les négociations dans la capitale du Kazakhstan sont les premières entre Damas et des chefs rebelles ayant plusieurs milliers de combattants sous leur bannière et contrôlant effectivement des territoires. Les opposants politiques, qui ont négocié sans succès avec le régime lors de précédentes rencontres, sont cette fois cantonnés à un rôle de conseillers.
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Les discussions ont avant tout porté sur le cessez-le-feu instauré le 30 décembre en Syrie grâce à la médiation russo-turque et qui a conduit à une réduction de la violence malgré des violations régulières. Les représentants rebelles se sont ainsi entretenus lundi à ce sujet avec les Turcs, leurs parrains, mais également avec les Russes, alliés du régime de Damas, et l'envoyé spécial de l'ONU, Staffan de Mistura.
Pas de négociation en face-à-face
Ces rencontres ont été "longues et productives", a souligné un porte-parole de la délégation des rebelles, Yehya al-Aridi, ajoutant avoir eu des discussions "en profondeur" sur les "problèmes politiques" en Syrie avec l'envoyé de Moscou. Les rebelles ont en revanche refusé à la dernière minute de négocier en face-à-face avec les émissaires du régime, même s'ils étaient tous assis autour de la même table pendant la cérémonie d'ouverture.
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Les discussions qui doivent avoir lieu mardi se dérouleront également "au travers d'une médiation", a dit M. al-Aridi. "Pour qu'un cessez-le-feu soit atteint, pour que l'effusion de sang s'arrête, pour que les troupes étrangères et les milices quittent la terre syrienne (...), nous ferons tout ce qu'il faut", a-t-il assuré. "Si ce qui sort d'Astana renforce le cessez-le-feu, améliore l'accès à l'aide humanitaire et revient à Genève, c'est quelque chose que nous désirons", a résumé un diplomate occidental interrogé par l'AFP.
La trêve régulièrement violée
La trêve est encore régulièrement violée. Les rebelles reprochent ainsi aux forces gouvernementales de poursuivre les combats près de Wadi Barada, zone clé pour l'approvisionnement en eau de la capitale syrienne. L'armée russe a pour sa part annoncé lundi avoir effectué des frappes aériennes contre Daesh en Syrie, coordonnées d'après Moscou avec les Etats-Unis, une déclaration qui a aussitôt été démentie par le Pentagone.
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Mais cette perspective ne semble pas tellement éloignée, à en croire les déclarations de Sean Spicer, porte-parole du nouveau président américain Donald Trump. "S'il y a une possibilité de combattre Daesh avec n'importe quel pays, que ce soit la Russie ou un autre, et que nous partageons un intérêt national sur la question, (alors) bien sûr, nous sommes preneurs", a affirmé M. Spicer. "Le président a dit très clairement qu'il va travailler avec tout pays qui partage nos intérêts dans la défaite de Daesh", a-t-il précisé.
«Continuer le combat»
Sur le front des négociations d'Astana, les rebelles syriens ont fait savoir qu'ils reprendraient le combat en cas d'échec des négociations, organisées sous le patronage de la Russie, de la Turquie et de l'Iran, et devant servir de base aux pourparlers sous l'égide de l'ONU à Genève le 8 février. "Si les négociations sont un succès, nous sommes pour les négociations. Mais si elles échouent, malheureusement, nous n'aurons pas d'autre choix que de continuer le combat", a prévenu Ossama Abou Zeid, un porte-parole de la délégation des rebelles interrogé par l'AFP.
Mohammad Allouche, qui mène la délégation des rebelles, a insisté sur "le gel des opérations militaires" en Syrie et l'amélioration de l'accès à l'aide humanitaire pour la population civile, selon Ossama Abou Zeid. "Nous sommes d'accord pour que les Russes soient garants (de la trêve), mais pas les Iraniens", alliés comme Moscou du régime syrien, a expliqué à l'AFP un membre de la délégation des rebelles.
M. Allouche a en outre demandé que les milices iraniennes, menées par le Hezbollah, et qui combattent aux côtés des troupes de Bachar al-Assad, ainsi que les combattants kurdes du Parti de l'Union démocratique (PYD), soient qualifiés de "groupes terroristes". Le chef de la délégation de Damas, Bachar Jaafari, a insisté quant à lui sur la création d'un "processus politique" de règlement du conflit et une séparation stricte entre rebelles et jihadistes de Daesh et du Fatah al-Cham (ex-Front al-Nosra, Al-Qaïda en Syrie).
Staffan de Mistura a appelé les parrains de la rencontre d'Astana à favoriser la création d'un mécanisme de surveillance et de mise en oeuvre du cessez-le-feu sur le terrain, une proposition soutenue par les rebelles. Jusqu'à présent, les pourparlers ont tous échoué à mettre fin au conflit en Syrie qui a fait plus de 310.000 morts depuis 2011.