Un trait caractéristique semble lier tous les membres de l'administration Trump : une fortune personnelle certaine.
En effet, au sein du cabinet restreint, huit des neuf membres nommés sont millionnaires ou milliardaires, seul le général à la retraite James Mattis, nommé à la Défense, n'appartenant pas au club. «Un journal m'a reproché de ne pas nommer des gens modestes. Pourquoi ? Parce que je veux des gens qui ont fait fortune !» justifiait la semaine dernière Donald Trump lors d'un meeting dans l'Iowa, comparant la composition du pouvoir exécutif de la Maison Blanche au recrutement de sportifs : «C'est comme un grand joueur de baseball ou un grand golfeur».
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Certes, mais quand la fortune cumulée de l’ensemble des membres de la future administration flirte avec les 21 milliards de dollars, l’équivalent du PIB d’un pays comme le Honduras ou bien l'Estonie, le casting interroge. D'autant plus que Donald Trump a été élu sur un programme séduisant pour la classe moyenne… Certains craignent ainsi de voir les promesses de campagne abandonnées au profit des «1%», cette tranche de la population qui cumule la majorité des richesses du pays.
La plus riche administration jamais mise en place
C'est bien simple, l'administration de Donald Trump devrait être la plus riche jamais mise en place dans l'histoire. Jugez plutôt. Donald Trump, dont la propre fortune est estimée par Forbes à 3,7 milliards de dollars, a d’ores et déjà fait appel à deux milliardaires pour le département du Commerce. Le titulaire du poste, l'investisseur Wilbur Ross, surnommé le «Roi de la banqueroute» parce que connu pour ses investissements dans des sociétés de charbonnage en difficultés revendus avec de juteux profits, est à la tête d’une fortune estimée à 2,9 milliards de dollars. Son numéro deux, Todd Ricketts, copropriétaire de l'équipe de baseball des Chicago Cubs, est lui l’héritier de la famille qui a fondé TD Ameritrade, une importante société de courtage en bourse, dont le patrimoine pèse quelque 5,3 milliards de dollars. Voilà pour le commerce.
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Mais ce n’est pas tout. L'équipe élargie de Donald Trump inclut également Linda McMahon, nommé aux PME. Généreuse donatrice du parti républicain, elle a fondé il y a plus de 30 ans la ligue de catch WWE… aujourd’hui estimée à 1,5 milliard de dollars par Forbes. Il faut également compter sur la singulière Betsy DeVos, secrétaire d'Etat à l'Education. Cette femme politique de 58 ans a épousé le fils de Richard DeVos, le cofondateur d’Amway, une multinationale de ventes directes de cosmétiques, classé 88e fortune des États-Unis avec 5,1 milliards de dollars de patrimoine. Pour la petite histoire, son frère, Erik Prince, a fondé la plus grande société militaire privée du monde, Blackwater, qui avait envoyé des milliers d’hommes pour combattre en Irak pour le compte des Etats-Unis.
Goldman Sachs, encore
Le département du Trésor sera lui dirigé par Steven Mnuchin, banquier d'affaires et investisseur. Il a passé 17 ans chez Goldman Sachs, devenant associé comme son père avant lui, et a gagné la bagatelle de 42 millions de dollars. Depuis 2002, il a monté une multitude de hedge funds et s'est offert juste avant la crise des subprimes une banque au bord de la faillite, pariant sur le fait que l'Etat la renfloue. Bien vu. Il l’a revendu en empochant avec son associé 2 milliards de dollars de plus-values.
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Le secrétaire d’Etat au Travail aussi est riche. Andrew Puzder est le patron millionnaire du groupe de restauration rapide CKE Restaurants. Il détient des chaînes Carl’s Jr et Hardee’s et contrôle plus de 3.500 restaurants et franchises dans une quarantaine de pays. Elaine Chao, secrétaire d'Etat aux transports, est, elle, la fille d'un magnat du transport maritime. Selon les médias américains, elle a gagné des millions de dollars en jetons de présence en siégeant dans les conseils d’administration de grandes entreprises américaines à l’instar de Wells Fargo, Ingersoll Rand et Vulcan Materials, entre autres. Elle aurait empoché un million de dollars pour la seule année 2015.
De modestes millionaires
Plus modestes, Tom Price, secrétaire d’Etat à la Santé, chirurgien orthopédique de formation, serait à la tête d’une fortune de 13,6 millions de dollars, Jeff Session, l’attorney général, un puissant sénateur républicain, disposerait lui d’une fortune équivalente à 7,5 millions de dollars. Même les plus proches conseillers de Donald Trump ont des fortunes considérables. A l’instar de Jared Kushner, 35 ans, gendre et éminence grise de Donald Trump. Comme son beau-père, il a repris très jeune (24 ans) les rênes d’un empire immobilier familial et s'est fait remarquer il y a quelques années en achetant un immeuble de la 5e avenue de New York pour 1,8 milliard de dollars.
Dernier arrivé au sein de l’administration, le PDG d'ExxonMobil, Rex Tillerson, 64 ans, nommé secrétaire d'Etat, c’est-à-dire en charge de la diplomatie américaine. Ce Texan de 64 ans dirige depuis dix ans le plus grand groupe pétrolier du monde, avec 377 milliards de dollars de capitalisation boursière. Certes, il n'est pas milliardaire. Mais sa fortune se compte au moins en dizaines de millions de dollars, le Wall Street Journal estimant que ses actions valent actuellement 151 millions de dollars. Nikki Halley, nommée comme ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, ferait presque pâle figure au milieu de cette aéropage. Avec son mari, elle n’a déclaré «que» 170.661 dollars de revenus en 2015.