Au moins vingt personnes ont été tuées par un éboulement dans une mine d'or de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris dimanche de source officielle.
«Au moins 20 personnes sont mortes dans un éboulement survenu la nuit de samedi à ce dimanche dans un carré minier à Makungu», dans le sud du Sud-Kivu, a déclaré à l'AFP le ministre des Mines de cette province, Apollinaire Bulindi. «Ce bilan encore provisoire devrait s'alourdir car beaucoup de gens exploitent en désordre dans cette carrière», a-t-il ajouté, faisant référence aux "creuseurs artisanaux" (mineurs clandestins) qui pullulent sur de nombreux sites miniers congolais.
«Nous (les autorités provinciales, ndlr) ne contrôlons pas cette carrière, ce sont des militaires qui l'exploitent et nous ne savons pas y mettre l'administration minière», a ajouté le ministre. La mine de Makungu est située dans le territoire de Fizi, près de la frontière avec la province du Tanganyika, à plus de 270 km au sud de Bukavu, capitale du Sud-Kivu. L'éboulement pourrait avoir été provoqué par des pluies très abondantes.
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Pratiquement dépourvu d'infrastructures, le territoire de Fizi est une zone traditionnellement hostile au pouvoir de Kinshasa. Il a abrité pendant longtemps le maquis de Laurent-Désiré Kabila, tombeur en 1997 du dictateur Mobutu Sese Seko et père de l'actuel président congolais Joseph Kabila.
Aujourd'hui, la zone, où l'on trouve de nombreuses mines d'or est le repaire des maï-maï Yakutumba, du nom d'un ancien officier de l'armée régulière qui s'est proclamé «général» et affirme vouloir chasser M. Kabila du pouvoir quand, selon certains rapports d'experts, il se contente surtout de contrôler divers trafics avec la Tanzanie à travers le lac Tanganyika, qui sert de frontière naturelle entre ce pays et le Congo.
Damnés de la terre
Les maï-maï sont des milices d'autodéfense généralement constituées sur une base ethnique. Selon le centre de recherche International Peace Information Service (IPIS), basé en Belgique, la plupart des mines d'or du Fizi sont contrôlées - parfois conjointement - par des maï-maï ou des soldats de l'armée congolaise censés les combattre.
Ruinée par trente ans décennie d'incurie gouvernementale sous Mobutu avant d'être ravagée par deux guerres entre 1996 et 2003, la RDC, au sous-sol fabuleusement riche en matières premières, est un des pays les moins développés de la planète. L'Etat peine toujours à établir son autorité sur de larges pans de son territoire dans sa moitié est, où sévissent encore une cinquantaine de milices.
La concurrence pour le contrôle des ressources naturelles de la région est un facteur venant ajouter à la complexité des conflits ethniques ou fonciers qui la déchirent depuis plus de vingt ans. Les «creuseurs artisanaux» se comptent par dizaines de milliers au Congo.
Ces damnés de la terre que la nécessité contraint à travailler pour un salaire de misère généralement avec un équipement rudimentaire et sans la moindre sécurité, étaient estimés il y a quelques années à plus de 130.000 rien que dans l'ancienne province du Katanga (sud-est), dont le mines permettent à la RDC d'être un des premiers producteurs de cuivre de la planète.
Les accidents dans les mines exploitées par des creuseurs artisanaux au Congo sont fréquents et souvent très meurtriers, mais largement sous-documentés compte tenu des endroits extrêmement enclavés où ils se produisent.