Dans un entretien publié mercredi par l'hebdomadaire catholique belge néerlandophone Tertio, le pape François s'en est pris à la «désinformation» et a comparé la presse à scandales à la coprophilie, c'est à dire l'inclinaison à manger des excréments.
«La désinformation est probablement le plus grand mal qu'un média puisse infliger, parce qu'elle oriente l'opinion dans une seule direction, en omettant une partie de la vérité», a estimé le pape dans cet entretien exceptionnel du genre que le pape accorde rarement à la presse. La rédaction de l'hedomadaire a rencontré le souverain pontife pendant 40 minutes le 16 novembre dernier.
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Ils ont abordé ensemble de nombreux thèmes comme la relation entre l'église et le pouvoir, le terrorisme, la miséricorde, la synodalité et les prêtres, entre autres. Mais c'est à propos des médias que le message du pape est apparu comme le plus offensif. «Je crois que les médias doivent être plus clairs, plus transparents et ne pas tomber, excusez l'expression, dans la coprophilie toujours prête à répandre les scandales des choses abominables, quelle qu'en soit la part de vérité».
Les fausses informations qui influencent les élections
En d'autres termes, il dit que les médias ont une inclinaison pour remuer avec plaisir la merde. «Et comme les gens ont tendance à souffrir de coprophagie, cela peut être très dangereux», a-t-il relevé avec la franchise qui le caractérise depuis le début de son pontificat. Bref, si les journalistes sont coupables de répandre des informations trop sensationnelles, les lecteurs le sont tout autant en les consommant.
Ces commentaires font suite à un débat aux Etats-Unis et en Grand-Bretagne à propos des fausses informations ayant circulé sur internet et qui ont pu jouer un rôle pour persuader les électeurs de voter en faveur du candidat républicain Donald Trump ou du Brexit. «Les médias ont leurs propres tentations, ils peuvent être tentés par la calomnie, et donc être utilisés pour calomnier, salir les gens. Surtout dans le monde de la politique», a insisté François.
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Une adresse aux jeunes
Selon lui, les médias «peuvent être utilisés comme outils de diffamation. (...) Personne n'a le droit de faire cela. C'est un péché et c'est blessant», a-t-il mis en garde. Déjà en 2012, et alors que le Vatican était secoué par le scandale des VatiLeaks, celui qui n'était pas encore pape jugeait dans un entretien à La Stampa la profession de journaliste sujette à «la coprophilie, un péché qui touche ceux qui mettent l‘accent sur les choses négatives».
Dans Tertio, l'interview du pape François se concluait néanmoins par une note positive à l'adresse des jeunes : «N'ayez pas peur, ne soyez pas gênés de votre foi, allez de l'avant et n'ayez pas peur de chercher de nouvelles routes. Ne vous inquiétez pas : trouvez la signification de la vie. J'ai deux conseils à donner : cherchez de nouveaux horizons et ne perdez pas votre temps à des futilités. Regardez droit devant et travaillez à votre vocation humaine.»