Les ministres des Finances de la zone euro, qui évalueront lundi la progression des réformes réclamées à la Grèce dans le cadre du troisième plan d'aide, devraient aussi évoquer l'épineux dossier de sa dette, sur laquelle l'Allemagne et le FMI peinent à s'accorder.
Voilà des mois que la situation est enlisée : Berlin ne veut plus faire d'effort pour la Grèce sans soutien du FMI et le FMI ne compte pas bouger sans nouvel effort de la zone euro, et donc de Berlin. «C'est le serpent qui se mord la queue», résume un négociateur européen.
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Les créanciers de la Grèce - UE et FMI - s'étaient fixés jusqu'à «la fin de l'année» pour trouver une issue. Sans succès, à deux jours du dernier Eurogroupe de 2016. Deux réunions préparatoires entre les ministres des Finances allemand, français, espagnol, italien et néerlandais, l'une à Berlin, l'autre à La Haye, ont même été annulées coup sur coup.
«L'Eurogroupe pourrait n'être pas conclusif», a concédé jeudi le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici et la réunion n'être qu'un «point d'étape» sur l'avancée des mesures demandées à la Grèce.
D'un côté, le FMI refuse de participer financièrement à ce troisième plan d'aide à la Grèce, 86 milliards d'euros accordés en 2015, si la question de sa dette - 181,6% du PIB en 2016, niveau jugé insoutenable - n'est pas abordée avec ses créanciers.
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De l'autre, l'Allemagne et son puissant ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, prône une extrême fermeté face à Athènes. A quelques mois de législatives décisives pour son parti démocrate-chrétien (CDU), celui de la chancelière Angela Merkel, il renvoie toute idée de restructuration de la dette à 2018.
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Efforts supplémentaires
La Grèce, pense M. Schäuble, peut s'en sortir avec ce seul programme d'aide, si elle continue à mettre en oeuvre les réformes réclamées en contrepartie, et atteint l'objectif budgétaire qui lui a été fixé : un excédent primaire (hors intérêts de la dette) de 3,5% du PIB à l'horizon 2018. 3,5% ? «Irréaliste !», répète depuis des mois le FMI ... sauf à réclamer aux Grecs de nouvelles mesures d'austérité, y compris après la fin du programme en 2018.
Or, selon une source européenne proche des négociations, le FMI laisse entendre qu'il n'exclut pas cette approche de rigueur, qui permettrait de réduire la dette grecque sans opposition de l'Allemagne. «Le FMI joue les pyromanes pour montrer que c'est impossible», tempère cependant cette source.
«Le gouvernement grec ne discute pas et ne discutera pas de la prise de mesures (d'austérité) pour la période suivant la fin du programme», a d'ailleurs prévenu jeudi le porte-parole du gouvernement Dimitris Tzanakopoulos.
Éviter la crise politique
Face à une telle proposition, la Grèce pourrait quitter la table des négociations, souligne la source européenne, renvoyant à un autre Eurogroupe en décembre. Mais l'UE, au calendrier déjà serré par les échéances électorales en 2017 aux Pays-Bas, en France et en Allemagne, n'a pas intérêt à provoquer une nouvelle crise au lendemain du référendum en Italie, ce dimanche, déjà susceptible de secouer les marchés.
Un compromis pourrait donc s'esquisser, qui verrait les Grecs concéder quelques efforts supplémentaires contre des discussions sur leur dette.
Qu'ont-ils à gagner ? Pas grande chose dans l'immédiat : seul un accord sur des mesures déjà prévues depuis des mois, dites «de court terme» car elles peuvent être prises rapidement, semble possible à cet Eurogroupe.
Sans rien coûter au contribuable européen, elles permettrait à la Grèce d'économiser, selon des estimations, quelques dizaines de millions d'euros, à comparer aux 320 milliards d'euros environ de sa dette. Mais «le dessin de mesures» d'allègement plus importantes pour 2018 pourrait aussi «être envisagé» lundi, espère Pierre Moscovici.
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Le Premier ministre grec Alexis Tsipras et le président français Francois Hollande ont d'ailleurs exigé samedi que des mesures d'allègement de la dette de la Grèce «soient prises avant la fin de l'année», en marge de la conférence sur le patrimoine mondial à Abou Dhabi.