Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi se prépare à vivre dimanche l'un des moments les plus importants de sa fulgurante carrière politique, avec un référendum constitutionnel dont l'issue, incertaine, décidera en partie son avenir.
"La partie est très ouverte, il faut se battre pendant ces dernières 48 heures", a assuré vendredi matin M. Renzi, résolument optimiste.
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Le vote est clos depuis jeudi soir pour les quatre millions d'Italiens à l'étranger et selon les médias italiens, la participation a été forte parmi ces expatriés plutôt favorables au oui.
"Si je perds le référendum constitutionnel, j'abandonnerai la politique", affirmait il y a un an M. Renzi, 41 ans, arrivé au pouvoir en février 2014 avec la volonté de tout changer en Italie. Il a depuis fait marche arrière, reconnaissant que c'était une erreur de trop personnaliser le scrutin.
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Convaincre à tout prix
Depuis il s'efforce, à grand renfort d'interviews, de meetings ou d'interventions sur les réseaux sociaux, de convaincre les millions d'indécis du bien fondé de "sa" réforme, censée simplifier la vie politique dans un pays qui a vu défiler 60 gouvernements depuis 1948.
"Ce référendum est fondamental, non pour le gouvernement, mais pour l'avenir du pays. Nous sommes à la croisée des chemins", a-t-il répété vendredi matin lors d'un "chat" vidéo sur Facebook, exercice de communication qu'il affectionne et qu'il a multiplié ces derniers jours.
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La réforme prévoit une réduction drastique des pouvoirs du Sénat, qui ne votera plus la confiance au gouvernement et la majeure partie des lois, une limitation du pouvoir des régions et la suppression des provinces, l'équivalent des départements français.
"A casa"
Mais la vaste majorité de la classe politique, de l'extrême-gauche à l'extrême-droite en passant par les populistes du Mouvement 5 Etoiles ou de la Ligue du Nord, le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi et même des "frondeurs" du PD, appellent à voter non.
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Outre une volonté commune de renvoyer M. Renzi "a casa", chez lui, ils estiment que cette réforme, associée à une loi électorale offrant une forte prime majoritaire, crée une concentration des pouvoirs trop forte pour un pays où le traumatisme du fascisme a laissé des traces.
"C'est une réforme qui réduit l'espace de participation et de souveraineté populaire. Elle humilie le Parlement et concentre trop de pouvoirs entre les mains du gouvernement, sans les contrepoids nécessaires", a ainsi expliqué à l'AFP l'ancien chef du gouvernement Massimo D'Alema, pourtant membre du Parti démocrate(PD) de Matteo Renzi.
"Réduire les pouvoirs du Sénat et ne plus élire les sénateurs directement, c'est aller vers moins de démocratie", renchérissait Anna Basile, étudiante napolitaine de 22 ans.
"Vision pour le pays"
Ce n'est pas l'avis de Giovanni, un jeune ingénieur. "Une réforme de ce genre était inimaginable il y a trois ans. Renzi a une vision pour le pays et il réussit à la communiquer", a-t-il assuré à l'AFP.
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L'incertitude quant au résultat de ce scrutin provoque en tout cas des sueurs froides en Europe et sur les marchés, où l'on redoute une nouvelle phase d'instabilité dans la troisième économie de la zone euro.
Le président américain Barack Obama, la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker n'ont pourtant pas ménagé leurs efforts en appelant ouvertement à voter oui.
Du petit lait pour le M5S et la Ligue du Nord qui, galvanisés par le Brexit et l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche, espèrent, chacun de leur côté, être les prochains portés par cette vague populiste.
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Ces partis réclament des élections anticipées en cas de victoire du non, ce qui est loin d'être acquis. Le président Sergio Mattarella ne dissoudra pas le Parlement avant une réforme de la loi élisant les députés.
Une victoire du non ne mènerait donc pas automatiquement à des élections anticipées... ni même à un réel retrait de M. Renzi, qui pourrait être reconduit à son poste par le président et obtenir la confiance de la majorité actuelle. Encore faudra-t-il qu'il revienne sur sa promesse de ne pas prendre la tête d'un gouvernement "technique" qui serait uniquement chargé de réformer la loi électorale.
"Je ne serai jamais le garant de l'immobilisme", a-t-il encore répété vendredi dans un entretien au Corriere della sera.