Les troupes irakiennes ont coupé mercredi la dernière voie d'approvisionnement de Daesh entre Mossoul et la Syrie, resserrant l'étau sur la deuxième ville d'Irak où doit encore se jouer une bataille urbaine.
A l'ouest de Mossoul, les forces paramilitaires du Hachd al-Chaabi ("Mobilisation populaire") ont atteint la route reliant la ville de Tal Afar à celle de Sinjar, selon des sources sécuritaires concordantes. Elles ont ainsi coupé les axes utilisés par le groupe ultraradical entre Mossoul et son fief syrien de Raqa, à quelque 400 km à l'ouest.
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Cette avancée signifie que les 3.000 à 5.000 jihadistes présents à Mossoul, selon les estimations américaines, sont désormais cernés de tous les côtés. Au nord et au sud, les peshmergas (combattants kurdes) et d'autres troupes se rapprochent de la ville, tandis qu'à l'intérieur même de Mossoul, les troupes d'élites irakiennes (CTS) revendiquent de nettes avancées dans les quartiers Est.
Plus de deux ans après la proclamation du "califat" irako-syrien de l'EI, les territoires contrôlés par le groupe extrémiste rétrécissent comme peau de chagrin. Côté syrien, une alliance arabo-kurde a lancé le 5 novembre une offensive pour reprendre Raqa, où flotte toujours le drapeau noir des jihadistes. L'offensive lancée le 17 octobre par Bagdad est d'une ampleur bien supérieure pour reprendre à Daesh Mossoul, que le groupe avait conquise en juin 2014.
"Mossoul-Est contrôlé à 40%"
Dans l'ouest, les troupes du Hachd ont progressé ces derniers jours sur Tal Afar, à 50 km de Mossoul, après avoir pris son aéroport.
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Selon un responsable kurde, les hommes du Hachd ont retrouvé d'autres forces anti-EI, dont des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dans trois villages de la zone. A l'autre extrémité de la ligne de front, les troupes d'élite du CTS ont désormais "pris le contrôle de plus de 40% de Mossoul-Est", a assuré à l'AFP leur commandant, le lieutenant-général Abdelghani al-Assadi. "Même si nous sommes confrontés à une forte résistance, nous allons les éliminer", a-t-il poursuivi.
La veille, la coalition avait bombardé l'un des derniers ponts de la ville enjambant le Tigre, pour tenter d'isoler Daesh. Mais à Mossoul, plus qu'ailleurs, les combattants islamistes offrent une résistance acharnée, répliquant avec des attaques-suicide, des voitures piégées ou en disséminant des explosifs dans les maisons et immeubles. Et la partie ouest de la ville reste à conquérir. Or dans ce quartier, où se concentrent la plupart des bastions jihadistes, les ruelles étroites promettent de compliquer la tâche des forces gouvernementales et leurs véhicules blindés.
Les combats ont déjà poussé près de 70.000 personnes à fuir, mais plus d'un million de civils resteraient pris au piège à Mossoul. Mercredi, des dizaines de familles continuaient à quitter à pied le fief de daesh, brandissant parfois un drapeau blanc à l'attention des forces spéciales irakiennes, tandis que des soldats prenaient des selfies avec des habitants du quartier fraîchement libéré d'Aden, dans l'est.
"Les conditions d'accueil sont actuellement suffisantes dans les camps pour satisfaire les besoins élémentaires des personnes déplacées, mais nous craignons de voir arriver des dizaines de milliers de gens dans les semaines à venir", a déclaré Becky Bakr Abdulla, porte-parole de l'ONG Norwegian Refugee Council. L'ONU, qui avait sollicité 284 millions de dollars pour faire face à l'urgence humanitaire à Mossoul, n'a récolté que les deux tiers de cette somme, souligne-t-elle, ce qui "freine considérablement nos efforts pour nous préparer à la possibilité d'un exode massif".
L'évacuation de la population permettrait aux forces irakiennes de recourir à l'arme lourde contre les jihadistes. Mais les dirigeants du pays veulent éviter une destruction massive de la grande ville du nord de l'Irak.