Moins d’une semaine après l’entrée en vigueur de l’accord de Paris sur le climat, signé l’an dernier et ratifié à travers le monde en un temps record, les Américains ont porté au pouvoir Donald Trump, climatosceptique notoire.
Un coup de massue pour les participants de la COP22, qui se tient jusqu’au vendredi 18 novembre à Marrakech. Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon a exprimé son «espoir» de voir le prochain président américain comprendre «l’urgence de l’action climatique».
Mais les chefs d’État sont inquiets. Car si l’on s’en tient à ses déclarations de campagne, la prise de conscience du milliardaire n’est pas pour demain.
Un anti-écolo au pouvoir
Pour Donald Trump, le réchauffement climatique est un mythe. Une invention de la Chine «pour rendre l’industrie américaine moins compétitive», avait-il même déclaré en 2012. Quant aux énergies vertes, entre les éoliennes qu’il accuse d’être inefficaces et dangereuses, et les ampoules à basse consommation qu’il soupçonne d’être cancérigènes, il n’est pas prêt de les promouvoir.
The concept of global warming was created by and for the Chinese in order to make U.S. manufacturing non-competitive.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 6 novembre 2012
Tout au long de la campagne, il a revendiqué son intention de soutenir une industrie fondée sur l’utilisation du pétrole, du gaz et du charbon, et de réduire les dépenses consacrées au développement durable.
Après avoir envisagé de supprimer l’Agence pour la protection de l’environnement, dont il juge le travail «honteux», il pourrait finalement placer à sa tête Myron Ebell, l’un des plus virulents détracteur du consensus scientifique sur le réchauffement.
Meet Myron Ebell, who attacks climate science and climate scientists, and who is assembling Trump's EPA https://t.co/XKoKAS7Hpp via @nytimes
— Climate Central (@ClimateCentral) 13 novembre 2016
Donald Trump a également insisté sur sa volonté de relancer le projet d’oléoduc americano-canadien Keystone XL, interrompu par Barack Obama pour des raisons climatiques. Il pourrait aussi revenir sur les politiques fédérales de développement durable, et profiter d’une faille juridique pour faire sortir les États-Unis de l’accord de Paris, qu’il n’a cessé de critiquer.
Le coût de l’inaction
Quand bien même il ne prendrait aucune mesure particulière pour détricoter ce qui a été mis en place avant lui, une simple absence de politique environnementale constituerait en soi une menace.
«L’accord de Paris est construit sur la volonté des États d’agir de manière nationale», rappelle Celia Gauthier, du Réseau Action Climat. Si les États-Unis, deuxième plus gros pollueur mondial derrière la Chine, ne manifestent pas cette volonté, le texte risque de rester lettre morte, ou du moins de voir l’atteinte de ses objectifs considérablement repoussée.
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En matière climatique, «les coûts de l’inaction sont largement supérieurs aux coûts de l’action», souligne Célia Gauthier. Or, si les propositions les plus farfelues de Donald Trump en matière de politique intérieure et de diplomatie se heurteront à des garde-fous constitutionnels, sur le plan environnemental, personne ne pourra l’empêcher de ne rien faire.