Près de 180 responsables - chefs d'Etat et ministres - des pays signataires de l'accord de Paris viennent à partir de mardi à la tribune de la conférence de l'ONU sur le climat, une semaine après l'élection de Donald Trump, futur président climato-sceptique.
"Nous attendons qu'ils rappellent qu'ils sont prêts à continuer l'action et à l'accélérer, et qu'ils envoient un message fort à Trump et au reste du monde", a déclaré Célia Gautier, du Réseau Action Climat (900 ONG).
Sont attendus le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le roi du Maroc Mohammed VI, puis François Hollande, président de la France où se scella fin 2015 l'accord de Paris contre le réchauffement planétaire.
Se succèderont une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement, dont de nombreux leaders africains comme le Soudanais Omar El-Béchir réclamé par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre au Darfour.
La présidente chilienne Michelle Bachelet ou l'émir du Koweit sont aussi annoncés. Les interventions de tous les pays continueront jusqu'à mercredi.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry fera un "discours soulignant l'urgence de l'action climatique", a dit son négociateur climat Jonathan Pershing.
Il est "peut-être encore plus important" d'être à Marrakech maintenant, avait dit M. Kerry à la presse, après l'élection de Trump à la tête du 2e pollueur mondial.
Le magnat new-yorkais, qui pendant sa campagne avait qualifié le réchauffement de "canular" et promis de relancer la production américaine de charbon, n'a depuis son élection encore rien dit sur ce thème.
M. Pershing a dit ignorer quand l'équipe chargée d'assurer la transition dans les prochaines semaines, allait arriver.
"Ce que je sais en revanche, c'est (...) la puissance du mouvement (pour le climat) et l'élan énorme créé à Paris", a-t-il dit à la presse lundi, "convaincu" que cet "effort mondial va perdurer", quels que soient les gouvernants.
- 'Une question de survie' -
L'élection surprise de Donald Trump, au 2e jour de la COP22, a plongé dans la stupeur les participants, qui depuis attendent de voir ce que le républicain compte faire.
A ce stade 109 Etats, dont les Etats-Unis, l'UE, l'Inde, le Japon, ont ratifié l'accord qui a vu la communauté internationale s'engager à réduire les émissions de gaz à effet de serre, sources du déréglement. Une dizaine l'ont fait depuis l'élection de Trump, dont l'Australie.
Parmi les grands émetteurs, la Russie manque encore à l'appel.
Intervenant lundi à la COP22, le négociateur chinois Xie Zhenhua, a de nouveau rappelé l'engagement de son pays: "Répondre au défi du changement climatique est notre responsabilité commune et partagée".
Premier émetteur mondial, la Chine a, en lien avec les Etats-Unis de Barack Obama, largement contribué à permettre l'accord de Paris, et est aujourd'hui le premier investisseur dans les énergies renouvelables.
La communauté internationale s'est engagée à limiter sous 2° la hausse du réchauffement, prometteur, au-delà, d'impacts désastreux et irréversibles pour les hommes comme pour les écosystèmes.
Mais à ce stade les engagements pris par chaque Etat pour limiter les émissions sont insuffisants.
Les représentants de la communauté internationale sont réunis à Marrakech jusqu'à vendredi, pour tenter d'avancer sur les procédures permettant de suivre et renforcer ces actions nationales.
Pays développés et en développement doivent en outre encore s'accorder à Marrakech sur la "feuille de route" garantissant que les premiers verseront bien aux seconds l'aide promise pour soutenir leurs politiques climatiques.
"Les financements climatiques sont une question de survie pour nous", a redit lundi le président du groupe des pays les moins avancés, Tosi Mpanu-Mpanu, insistant sur l'aide permettant d'affronter les impacts du réchauffement.
Sur ce point aussi, les chefs d'Etat et de gouvernement seront attendus pendant ces deux jours.