Un corps européen de garde-frontières et de garde-côtes est lancé ce jeudi 6 octobre, pour faire face à la crise migratoire qui frappe le continent depuis plus d’un an.
Cette nouvelle agence, qui complète et remplace Frontex, disposera de plus de moyens, d’un plus grand nombre d’hommes et d’un meilleur équipement. Une réserve de 1 500 personnes pourra ainsi intervenir pour appuyer les gardes-frontières nationaux en cas d’afflux migratoire massif. Une manière d’éviter à la Grèce, l’Italie ou encore la Bulgarie de revivre les situations terribles auxquelles elles ont été confrontées ces derniers mois.
Un corps opérationnel et intégré
Les réservistes de cette nouvelle agence seront employés directement par l’UE et non plus par les États. Ce corps plus intégré pourra ainsi intervenir en urgence, grâce à un processus de décision rapide. L’objectif : maintenir les accords de Schengen, qui prévoient une protection commune des frontières de l’Europe et la libre circulation des personnes à l’intérieur.
Or, face à l’afflux de migrants et à la menace terroriste, plusieurs États ont dérogé à ces principes, rétablissant des contrôles intérieurs.
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D’autres, aux portes de l’Europe, ont pris dans l’urgence des mesures extrêmes, parfois au détriment des droits de l’Homme, comme les murs de barbelés à la frontière hongroise avec la Serbie. Dans la même veine, la Hongrie a récemment organiser un référendum visant à limiter l’accueil de migrants.
«Préserver le fonctionnement de Schengen en sécurisant les frontières s’est imposé comme l’une des priorités des Vingt-Sept lors de leur première réunion après le référendum sur le Brexit», explique Yves Doutriaux, professeur associé à Paris I.
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De fait, le choix des Britanniques de quitter l’Union s’explique en partie par leurs craintes des flux migratoires. Une préoccupation que l’on retrouve dans tous les États-membres, puisque selon le dernier Eurobaromètre, immigration et terrorisme sont les premières sources d’inquiétude de la population.
Un impact limité
Si ce nouveau dispositif permettra aux Vingt-Sept de gérer plus équitablement et plus efficacement l’arrivée des demandeurs d’asile, il n’y a en revanche aucune raison que leur nombre diminue.
«La pression migratoire est un phénomène durable, souligne Yves Doutriaux. Pour la faire reculer, il faudrait que l’Europe s’implique davantage, en amont, sur la résolution des crises à l’étranger. Or, en Syrie par exemple, force est de constater qu’elle est absente».
D’autres observateurs plaident pour un renforcement de l’aide au développement dans les zones de départ, voire pour l’installation de centres d’examen des demandes d’asile dans les pays émetteurs. Car si rien ne change, des milliers de personnes resteront prêtes à rejoindre l’Europe au péril de leur vie, avec ou sans garde-côtes.