En direct
A suivre

La France et l'Inde signent l'achat de 36 Rafale par New Delhi

Le ministre français de la Défense et son homologue indien Manohar Parrikar le 25 janvier 2016 à New Dehli lors des tractations sur la vente d'avions de chasse Rafale à l'Inde [PRAKASH SINGH / AFP/Archives] Le ministre français de la Défense et son homologue indien Manohar Parrikar le 25 janvier 2016 à New Dehli lors des tractations sur la vente d'avions de chasse Rafale à l'Inde [PRAKASH SINGH / AFP/Archives]

L'Inde et la France ont signé vendredi le contrat pour la livraison de 36 avions de chasse Rafale à l'armée indienne, dont les besoins de modernisation sont criants face aux défis géopolitiques de l'Asie du Sud.

Le ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian et son homologue indien Manohar Parrikar ont gravé dans le marbre à New Delhi l'accord intergouvernemental qui encadre cette transaction de quelque 8 milliards d'euros. La signature marquera l'épilogue d'un feuilleton commercial de longue haleine étalé sur neuf ans, qui a connu son lot de rebondissements.

A lire aussi : L'Inde approuve l'achat de 36 Rafale à la France

Les détails du volumineux accord, notamment le prix et la gamme complète des armements achetés, n'ont pas encore été rendus publics. Selon la presse locale, l'Inde débourserait au total 7,9 milliards d'euros pour ce contrat. C'est la plus importante commande étrangère de l'histoire du Rafale, qui a connu des débuts difficiles à l'exportation, et plus largement de l'aéronautique militaire français.

L'arrivée des avions de chasse français devrait soulager en partie l'armée de l'air indienne, qui dénonce de longue date un équipement insuffisant et obsolète. Outre la vieille inimitié avec son frère ennemi pakistanais, l'Inde est confrontée à la montée en puissance et l'affirmation de la Chine sur le continent asiatique. "Le Pakistan on peut s'en occuper. Le Pakistan, on peut montrer les muscles. Mais la Chine, on n'est pas du tout à la hauteur", explique l'analyste Gulshan Luthra.

Un Rafale en vol le 22 mai 2016 lors du meeting aérien de Biscarrosse [THIBAUD MORITZ / AFP]
Photo
ci-dessus
Un Rafale en vol le 22 mai 2016 lors du meeting aérien de Biscarrosse

La flotte indienne est pour beaucoup composée d'appareils russes en fin de vie. Leurs fréquents accidents et avaries leur valent d'ailleurs régulièrement le sinistre sobriquet de "cercueils volants". Cet accord s'inscrit dans un mouvement plus large de modernisation militaire, dans lequel l'Inde compte injecter au total plus 100 milliards de dollars. Les premiers Rafale seront livrés fin 2019, la livraison devant s'échelonner sur deux ans et demi. Mais cette commande n'apaisera pas totalement l'armée de l'air indienne qui ne compte qu'une petite trentaine d'escadrons de 18 appareils, là où au moins 42 sont jugés nécessaires.

L'achat des 36 Rafale reste par ailleurs modeste en comparaison de ce qui avait été qualifié au départ de "contrat du siècle". La démocratie la plus peuplée du monde avait à l'origine lancé un appel d'offres pour 126 avions de combat - dont 108 assemblés en Inde - pour lesquels elle était entrée en négociations exclusives avec Dassault, le constructeur du Rafale, en 2012. Mais la commande n'avait jamais vu le jour, les Français refusant d'assumer la responsabilité technique - ce que réclamait New Delhi - pour tous les appareils construits en Inde.

Actant de l'impasse des tractations, le nouveau Premier ministre indien Narendra Modi avait annulé l'appel d'offres, annonçant en avril 2015 vouloir acheter directement 36 Rafale prêts à voler et donc fabriqués en France. L'Inde "voulait ces avions vite, car leur technologie de pointe, leurs missiles, peuvent permettre de faire une différence" stratégique, décrypte pour l'AFP Nitin A. Gokhale, spécialiste des questions de défense. En contrepartie, Dassault va être cependant contractuellement obligé de réinvestir près de la moitié des sommes perçues dans l'industrie indienne.

Pour la France, un tel contrat avec l'Inde, grande puissance d'Asie du Sud, constitue aussi une victoire diplomatique importante. "C'est le signe de notre présence dans cette partie du monde. Avec l'Australie (qui a choisi la technologie française pour renouveler sa flotte de sous-marins), on a plus que jamais deux partenaires essentiels en Asie-Pacifique", souligne-t-on dans l'entourage de M. Le Drian.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités