La Corée du Nord a affirmé mardi avoir testé avec succès un nouveau et puissant moteur de fusée, ce qui constituerait une avancée de plus dans ses efforts pour se doter de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM).
Après avoir supervisé ce test à la base de lancement de satellites de Sohae (ouest), le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a exhorté responsables, scientifiques et techniciens nord-coréens à "achever dès que possible la préparation du lancement du satellite", rapporte l'agence officielle KCNA.
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Certains experts pensent que Pyongyang pourrait marquer le 10 octobre l'anniversaire de la fondation du Parti des travailleurs de Corée (PTC) en lançant un satellite. Kim a également appelé à davantage de tirs de fusées afin que "le pays puisse d'ici quelques années posséder des satellites géostationnaires", a rapporté l'agence.
De son côté, le Rodong Sinmun, principal journal du Nord, publie en "une" une grande photo du jeune dirigeant riant aux éclats et le montre également en train de superviser le test depuis un poste d'observation. Le régime le plus hermétique au monde a déjà procédé à des essais de missiles longue portée présentés comme des lancements de satellites. Le dernier remonte au 7 février.
North Korea has said it has successfully tested a new rocket engine which could be used to launch satellites https://t.co/ibFI7jbv1A
— Sky News (@SkyNews) 20 septembre 2016
KCNA affirme que le moteur qui a été testé au sol pourrait fournir au pays "une capacité de portée suffisante pour lancer différentes sortes de satellites, y compris des satellites d'observation de la terre", selon l'agence.
Avec ce nouveau moteur, la Corée du Nord "se rapproche de son objectif de se doter de missiles balistiques intercontinentaux qui pourraient frapper le territoire américain", a estimé Chae Yeon-Seok, spécialiste des fusées à l'Institut pour la recherche aérospatiale de Corée, dont les principaux laboratoires se trouvent à Daejeon, au sud de Séoul.
Nouvel essai d'ICBM en vue ?
"Le programme spatial nord-coréen se focalise sur le développement de véhicules de lancement qui peuvent facilement être utilisés pour des missiles, plutôt que sur le développement de satellites dignes de ce nom", a-t-il ajouté. L'état-major interarmées sud-coréen a estimé que l'essai annoncé mardi visait à vérifier les performances d'un "moteur à forte puissance pouvant être utilisé pour des missiles longue portée".
Pyongyang a affirmé avoir testé le 9 septembre une tête nucléaire susceptible d'être montée sur un missile. Ce cinquième essai nucléaire nord-coréen était intervenu après une série d'essais de missiles de diverses portées les mois précédents, y compris depuis un sous-marin. Si la Corée du Nord parvient à miniaturiser une bombe nucléaire pouvant être montée sur un missile tout en augmentant et en améliorant la portée et la précision de ses projectiles, elle pourrait atteindre son objectif officiel, qui est de pouvoir frapper le sol américain.
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Kim Jong-Un a salué selon KCNA les avancées de son régime dans le domaine des technologies de pointe "en dépit des conditions économiques difficiles du pays", selon l'agence. La Corée du Nord, qui n'a sur la papier pas le droit de mener des programmes balistique et nucléaire, est sous le coup de cinq séries de résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU lui infligeant de lourdes sanctions économiques.
Elles ne l'ont cependant pas dissuadée de poursuivre ses objectifs. KCNA n'a pas précisé la date à laquelle a été testé le moteur, sachant que les médias officiels ont l'habitude de faire état des activités de Kim Jong-Un avec un jour de retard. Yang Moo-Jin, professeur à l'Université pour les études nord-coréennes, un établissement de Séoul, a rappelé que Pyongyang s'était fixé un plan de développement spatial de cinq ans qui s'achève cette année.
"Ce nouvel essai annonce un prochain test de missile ICBM", pense-t-il. "Le prochain essai, qui sera présenté comme un lancement de satellite, devrait intervenir lorsque le Conseil de sécurité de l'ONU adoptera de nouvelles sanctions relatives au dernier essai nucléaire, ou alors au moment de l'élection présidentielle américaine en novembre."
Washington, qui dispose de plusieurs systèmes antimissiles, travaille actuellement avec Séoul au déploiement sur la péninsule du bouclier connu sous le nom de THAAD. Cette éventualité a provoqué la colère de la Chine, qui craint que ces technologies sophistiquées ne constituent une menace à la sécurité régionale. Or la communauté internationale s'efforce actuellement de convaincre Pékin d'intervenir auprès de Pyongyang pour faire rentrer son allié dans le rang.