Barack Obama a annoncé vendredi la création de la plus grande réserve naturelle marine du monde, dans son archipel natal de Hawaï, le président américain s'efforçant de conforter son image de défenseur de l'environnement avant de quitter la Maison Blanche.
Cette aire protégée géante désormais interdite de pêche commerciale abrite quelque 7.000 espèces marines, parmi lesquelles les baleines bleues, les albatros à queue courte, les tortues ou les phoques moines endémiques de Hawaï. Elle couvre 1,51 million de km2 sur une large portion du Pacifique, soit la taille de la Mongolie ou près de trois fois la superficie de la France métropolitaine.
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Ce groupe linéaire et isolé de petites îles et atolls à faible altitude a rejoint en 2010 la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco, selon qui il s'agit "aussi d'une zone d'habitats pélagiques et d'eaux profondes avec des caractéristiques remarquables telles que des monts sous-marins et des bancs submergés, de vastes récifs coralliens et des lagons".
Le Papahanaumokuakea Marine National Monument, rappelle l'Unesco, possède également "une signification cosmologique pour les natifs hawaïens, en tant qu'environnement ancestral, incarnation du concept de parenté entre les hommes et le monde naturel, berceau de la vie et terre d'accueil des esprits après la mort".
Corail quadrimillénaire
On trouve notamment dans la réserve de Papahanaumokuakea du corail noir, qui peut vivre plus de 4.500 ans, record absolu pour une espèce marine.
L'annonce de Barack Obama a coïncidé avec l'anniversaire du centenaire de la fondation du National Park Service (NPS), l'agence américaine chargée de gérer les parcs nationaux et les zones protégées du domaine fédéral. Le président américain a fait de la protection des espaces naturels l'une des signatures de ses années à la Maison Blanche.
En se rendant jeudi sur l'atoll de Midway, dans la réserve de Papahanaumokuakea, il répétera l'urgence d'agir pour le climat, alors que son ambitieux programme de lutte contre le réchauffement a été suspendu par la Cour suprême.
Depuis 2009, M. Obama a davantage protégé d'espaces qu'aucun de ses prédécesseurs, en recourant à l'Antiquities Act, une loi signée en 1906 par Theodore Roosevelt, ardent défenseur de la protection des ressources naturelles. Ce texte permet au président d'agir vite pour préserver des espaces menacés, qui peuvent ensuite être transformés en Parcs nationaux lorsque le Congrès s'empare du dossier.
Pour les thons, c'est bon
Le sénateur démocrate Brian Schatz, élu de Hawaï, a salué l'expansion de la réserve marine de Papahanaumokuakea, estimant que celle-ci permettrait de "renflouer les stocks de thons, d'encourager la biodiversité et de lutter contre le changement climatique".
A l'opposé, regroupés dans une organisation baptisée "The Western Pacific Regional Fishery Management Council", les opposants au projet se sont déclarés "déçus" vendredi, en dénonçant une décision qui "sert un bilan politique plutôt que la défense des espèces marines".
"Interdire la pêche commerciale dans 60% des eaux de Hawaï, alors que la science nous indique que cela ne rendra pas plus productives les pêcheries locales, n'a aucun sens", a commenté Edwin Ebiusi, un responsable de ce groupe rassemblant des pêcheurs et autres acteurs économiques vivant de la mer.
Une tendance lourde
L'ONG Pew s'est-elle félicitée de la décision, en rappelant que Papahanaumokuakea avait "inspiré un mouvement international de protection de larges aires océaniques". De fait, des dizaines de pays ont pris des mesures en ce sens ces dernières années.
La Nouvelle-Zélande a par exemple annoncé fin septembre 2015 son intention de créer dans le sud du Pacifique un gigantesque sanctuaire marin d'une superficie de 620.000 km2 aux îles Kermadec.
La Nouvelle-Calédonie a de son côté créé une aire marine protégée (AMP) de 1,3 million de kilomètres carrés, la plus vaste de France et l'une des plus importantes au monde.