Les conséquences du réchauffement climatique sont déjà concrètes, notamment au Groenland ou la fonte des glaces fait émerger des déchets particulièrement toxiques.
L’information émane de Geophysical Research Letters, dans lequel une équipe des universités de Toronto (Canada) et Boulder (Colorado) annonce que des déchets toxiques (fuel, déchets radioactifs, et PCB) se trouvent sur l’ancien site militaire connu sous le nom de Camp Century, situé au nord-ouest du Groenland. Selon eux, la fonte de la calotte glaciaire implique que ces déchets se retrouvent dans l’océan Atlantique dans les décennies à venir.
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Un reliquat de la guerre froide
Ce camp est un reliquat de la guerre froide. Construite à la fin des années 50, la base avait été conçue sur une zone dont les glaces ne fondaient jamais. Les choses ont changé depuis. Officiellement, les Américains voulaient condure des études sur les techniques de constructions locales. Dans la réalité, le but de ce programme, nommé «Ice worm» (ver de glace), était de construire un tunnel long de quatre kilomètres qui permettrait de stocker pas moins de 600 ogives nucléaires à proximité de l’Union Soviétique.
À la fermeture du camp, en 1967, le réacteur nucléaire avait été retiré, contrairement aux nombreux déchets. À l’époque, l’état-major américain pensait que les chutes de neige suffiraient à former un sarcophage efficace. Une hypothèse que les chercheurs ont voulu vérifier malgré la fonte de glaces inhérentes au réchauffement climatique. Las, le site de Camp Century aurait perdu 14 milliards de tonnes de glace en six ans, entre 2007 et 2013, selon les chercheurs.
Horizon 2090
Les ruines du camp seraient actuellement situées sous 36 mètres de glace. Une protection encore importante, mais qui va s’amenuiser au fil des années. Reste alors à savoir précisément de quoi se composent les déchets. Les chercheurs ont ainsi évalué que le site de 55 hectares contiendrait encore 200.000 litres de fuel, de nombreux générateurs contenant du PCB (Polychlorobiphényles). Par ailleurs, l’enceinte de confinement du réacteur nucléaire est restée sur place, des traces de radioactivité sont donc présente sur le site. Autant d’éléments toxiques qui pourraient être libérés dès 2090 selon les scénarios les plus pessimistes.
L’étude pose également la question de la prise en charge de ces déchets. À l’époque de la construction du camp américain, le territoire groenlandais était une possession danoise. Aujourd’hui, le Groenland est indépendant, et la question du nettoyage de la zone risque d’être un épineux problème international dans les années à venir.