Rio a ouvert les premiers Jeux Olympiques de l'histoire en Amérique du Sud, au gré d'une cérémonie joyeuse et colorée mais aussi parfois grave, vendredi au Maracana.
"Après ce merveilleux spectacle, je déclare ouverts les Jeux Olympiques de Rio", a lancé Michel Temer, le président par intérim du Brésil, la voie tremblante, couverte par les huées du stade alors que le pays traverse une grave crise politique et économique.
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Le contexte particulier dans lequel s'ouvrent les JO a d'ailleurs été souligné par Thomas Bach. "Vous avez transformé Rio en une ville moderne et unique, a lancé le président du CIO. Et vous avez toute notre admiration, car vous l'avez fait dans un moment difficile de l'histoire du Brésil".
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Le président du Comité organisateur des JO, Carlos Nuzman a lui choisi un mode plus enlevé pour vanter sa ville. "Rio est prête à faire l'histoire, a-t-il dit. Le meilleur endroit du monde, c'est ici et maintenant".
Joie, couleurs, rythme... Le stade a ensuite retrouvé les atours de la fête au rythme de la Samba, jusqu'à l'embrasement de la vasque olympique par l'ancien marathonien Vanderlei Cordeiro, médaillé de bronze à Athènes en 2004. Dans l'après-midi la légende du football Pelé avait annoncé qu'il ne pourrait être présent pour raisons médicales.
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Ces moments solennels avaient été précédés d'une première partie dédiée à l'histoire tourmentée du Brésil, allant notamment de l'esclavage à l'aviateur Santos-Dumont en passant par l'apparition des favelas, et, après quelques minutes plus graves consacrées aux conséquences du réchauffement de la planète, les 207 délégations ont défilé dans le stade dans la joie et la bonne humeur.
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Les plus belles ovations ont été réservées à l'équipe des réfugiés, qui défilait derrière le drapeau olympique, et bien sûr à la délégation brésilienne, entrée la dernière et fêtée par les 80.000 spectateurs du Maracana.
Sous les yeux d'une quarantaine de chefs d'Etat, les Russes, au centre d'une gigantesque affaire de dopage d'Etat révélée par le rapport McLaren le 18 juillet, ont eu droit à un accueil poli, où les applaudissements se sont mêlés à quelques sifflets.
Les transports en question
Ces Jeux, qui se termineront le 21 août, s'ouvrent dans une ambiance contrastée. Car le bel élan de 2009 est loin. A l'époque de l'obtention des JO, le Brésil surfait sur la vague de la croissance, Rio voulait faire des Jeux une vitrine sur le monde. Et profiter de l'occasion pour se moderniser et construire des infrastructures.
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Sept ans plus tard, les autorités de Rio ont dépensé presque quatre milliards d'euros pour les installations olympiques et l'organisation, auxquels s'ajoutent 6,7 mds d'euros en travaux d'héritage, notamment les transports. Et la crise est passée par là...
Les JO ont été victimes de la grave récession qui frappe le pays depuis 2015 (PIB en baisse de 3,8% l'an dernier). S'y est ensuite greffée la procédure de destitution controversée qui frappe la présidente de gauche Dilma Rousseff, accusée de maquillage des comptes publics et dont l'avenir se jouera quelques jours après la clôture des Jeux.
Elle fut la grande absente de la cérémonie d'ouverture, comme son mentor et prédécesseur, Lula, grâce auquel les JO ont été attribués en 2009 à la mégalopole brésilienne.
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Autre sujet de préoccupation pour les autorités du pays, plus grave celui-ci : la menace terroriste.
Le pays semble avoir pris la mesure du problème en renforçant de manière significative les mesures de sécurité après les 85 morts de l'attentat de Nice le 14 juillet, avec un déploiement de 85.000 militaires et policiers.
Les forces de sécurité seront déployées partout dans la ville pour assurer la protection des spectateurs mais surtout des quelque 10.500 athlètes, parmi lesquels 276 Russes finalement autorisés à participer après l'annonce vendredi soir de la présence de cinq nageurs initialement exclus, parmi lesquels Yuliya Efimova.
Premières médailles en vue
Les absents ont été victimes de la publication de ce désormais fameux rapport McLaren, qui a pointé le dopage d'Etat russe. Poussant les Fédérations internationales puis le CIO à faire le ménage parmi la délégation russe jusqu'au dernier moment.
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La vague a notamment emporté 67 des 68 membres de l'équipe d'athlétisme, dont la "tsarine" de la perche, Yelena Isinbayeva, double championne olympique (2004, 2008). Elle sera l'une des grandes absentes du sport roi des JO, l'athlétisme, dont les épreuves débuteront le 12 août, avec pour star attendue Usain Bolt.
"L'Eclair" jamaïcain pourrait prendre place parmi les plus grands s'il réussit un troisième triplé (100, 200, 4x100 m) après ceux de 2008 et 2012. Et que dire du nageur américain Michaël Phelps, l'homme le plus médaillé de l'histoire des JO (22 médailles dont 18 en or)?
Mais d'autres belles individualités pourraient s'inviter au Panthéon de la gloire. Deux Français (le perchiste Renaud Lavillenie et le judoka Teddy Riner), l'infatigable Novak Djokovic en tennis et la petite fée de la gymnastique, l'Américaine Simone Biles, 19 ans, passée des bas-fonds de l'Ohio aux agrès de la gloire.
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Stars planétaires ou anonymes éclairés, tous se retrouvent sur les sites des compétitions à partir de samedi, où les douze premiers titres olympiques seront distribués. La première médaille d'or sera décernée vers 10h30 locales (13h30 GMT) en carabine à 10 m.
Mais cette première journée sera surtout pimentée par l'épreuve de cyclisme en ligne, sur 247,5 km, où l'Italien Vincenzo Nibali et l'Espagnol Alejandro Valverde partiront favoris. Juste devant le Britannique Chris Froome, deux semaines après sa victoire dans le Tour de France.
Cette première journée officielle sera également marquée par le début des épreuves de judo, d'escrime et de natation. Et, dans le tournoi de basket-ball, par l'entrée en scène de l'équipe des Etats-Unis face à la Chine.