L'Otan a affiché son unité face à la Russie, lors d'un sommet à Varsovie, martelant qu'elle ne tolèrerait aucun acte hostile sur son flanc oriental tout en laissant la porte ouverte au dialogue.
"Nous sommes unis", a indiqué le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg au deuxième jour d'un sommet de l'Otan. "Nous ne voyons aucune menace immédiate vis-à-vis d'un allié de l'Otan. La Russie n'est pas non plus un partenaire stratégique", a-t-il ajouté.
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Les 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Alliance, dont le président américain Barack Obama, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, avaient décidé vendredi de déployer quatre bataillons dans les Etats baltes et en Pologne, un défi sans précédent envers Moscou depuis la Guerre froide. "C'est une décision historique. L'Otan a montré très clairement que nous sommes unis et fermes", s'est félicité samedi le Premier ministre estonien Taavi Roivas au dernier jour du sommmet. Les 28 vont conclure leurs travaux par une rencontre avec le président ukrainien Petro Porochenko, après s'être penchés dans la matinée sur l'aide à apporter à l'Afghanistan.
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Vendredi soir, la Russie a aussi été au coeur de leur dîner dans la très emblématique salle de bal où l'URSS et ses satellites signèrent le Pacte de Varsovie en 1955. "Le dîner a été consacré à 98% aux relations avec la Russie (...) L'idée est d'envoyer à Poutine le message qu'on est unis", a indiqué une source diplomatique française. La politique de l'Otan à l'égard de Moscou peut se résumer en trois points : "1. Être unis 2. Être fermes sur nos valeurs 3. Rétablir le dialogue", a ajouté cette source, résumant la tonalité des discours.
Plusieurs anciens pays satellites de l'URSS, aujourd'hui membres de l'Otan, ont rappelé leurs inquiétudes face aux agissements de Moscou en Ukraine. "Les pays de l'Est ont bien sûr une méfiance plus forte compte tenu de leur expérience", a souligné la source française. Les 28 ont évoqué les manoeuvres d'intimidation russes en Ukraine, en Géorgie et en Moldavie, trois ex-républiques soviétiques dont le désir d'ancrage à l'Europe et l'Otan est vu d'un très mauvais oeil à Moscou. "La Russie pourrait tenter d'exploiter toute faiblesse dans cette région, d'où le besoin d'unité", a constaté un responsable de l'Otan, sous couvert de l'anonymat.
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Mais les Etats-Unis et l'Europe ont aussi besoin de discuter avec la Russie, en dépit des sanctions imposées à Moscou, accusé de soutenir les sépararistes dans l'est de l'Ukraine."On doit garder un dialogue ouvert avec la Russie parce qu’on doit débattre de la Syrie, de l’Irak, de pas mal de dossiers à travers le monde", a relevé le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders. Angela Merkel et François Hollande discutent aussi toujours avec le président russe Vladimir Poutine de la mise en oeuvre des accords de Minsk sur l'Ukraine conclus en 2015.
Deux ans après le sommet de Newport (Pays de Galles), qui avait pris acte de la nouvelle donne en Europe après l'annexion de la Crimée, l'Otan a parachevé sa nouvelle posture stratégique à l'Est. Ce renforcement, le plus grand depuis la fin de la Guerre froide, va se traduire notamment par l'envoi de 4.000 hommes, encadrés par quatre pays (Etats-Unis, Allemagne, Grande-Bretagne et Canada,) au plus près de la Russie. "Une attaque contre un allié sera ainsi considérée comme une attaque contre toute l'Alliance", a insisté le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg.
Au risque de provoquer un peu plus encore la colère de Moscou, l'Otan a également donné le coup d'envoi à la constitution de son bouclier antimissile en Europe. Les installations américaines, basées en Turquie, en Roumanie et en Espagne, "sont maintenant en mesure de fonctionner sous un commandement de l'Otan et un contrôle de l'Otan", a annoncé Jens Stoltenberg. L'Union européenne et l'Otan ont par ailleurs annoncé un renforcement de leur coopération sur leur flanc sud, face aux jihadistes et aux passeurs de migrants. Des groupes jihadistes perpétuent des attentats au coeur de l'Europe. D'autres cherchent à s'en prendre aux intérêts stratégiques des pays de l'Otan, comme l'internet. "Ces deux menaces changent un peu l’approche au sein de l’Otan", a observé M. Reynders.