L'Irak entame lundi trois jours de deuil national en hommage aux victimes de l'attentat suicide de Daesh qui a fait au moins 119 morts dans un quartier commerçant de Bagdad.
Ce deuil national a été annoncé par le bureau du Premier ministre Haider Al-Abadi, qui s'est rendu sur les lieux du drame et a promis d'en "punir" les responsables.
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L'attentat, dont le bilan est le plus lourd dans la capitale irakienne depuis un an, met en lumière l'incapacité du pouvoir irakien à instaurer des mesures de sécurité efficaces à Bagdad. Et ce en dépit de l'aide de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, qui entraîne les forces irakiennes dans le cadre de la lutte antijihadistes.
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M. Abadi a annoncé dimanche la modification des mesures de sécurité, notamment le retrait des détecteurs d'explosifs, dont l'efficacité avait été mise en doute.
Le Premier ministre a aussi ordonné au ministère de l'Intérieur d'accélérer le déploiement du "dispositif Rapiscan pour la recherche de véhicules" à toutes les entrées de Bagdad, et interdit l'utilisation des téléphones portables au personnel de sécurité en service.
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Un kamikaze de Daesh a fait exploser dimanche avant l'aube une voiture piégée dans une rue bondée du quartier commerçant de Karrada, où de nombreux habitants faisaient leurs courses avant la fête marquant la fin du mois sacré musulman du ramadan.
Selon des responsables de la sécurité, au moins 119 personnes ont été tuées et plus de 180 blessées dans cet attentat, survenu une semaine après la perte par Daesh de son fief de Fallouja, à 50 kilomètres à l'ouest de Bagdad.
Corps carbonisés
L'énorme déflagration a provoqué des incendies dans plusieurs immeubles et échoppes. Des hommes ont dégagé les corps de deux victimes de l'un des bâtiments en feu dans la rue jonchée de gravats et de débris.
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Hussein Ali, un ancien soldat de 24 ans, a affirmé que six employés dans un magasin appartenant à sa famille avaient été tués et leurs corps carbonisés.
"Je vais de nouveau rejoindre le champ de bataille. Au moins là-bas je connais l'ennemi et je peux le combattre. Mais ici, je ne sais pas contre qui je dois lutter", a-t-il dit à l'AFP. Les rues du quartier étaient jonchées de décombres et la recherche puis l'identification des victimes pourraient être très longues.
Des familles entières anéanties
"Dans les listes de victimes que j'ai vues, des familles entières - le père et ses fils, la mère et ses filles - ont été anéanties par l'explosion", a déclaré un membre des forces de défense civile. "Nous aurons besoin de plusieurs jours pour retrouver les corps des victimes", a-t-il dit.
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Dans un communiqué diffusé par SITE, le centre américain de surveillance des sites jihadistes, l'EI, une organisation radicale sunnite, a déclaré qu'un kamikaze irakien avait fait exploser une voiture piégée près d'un rassemblement de chiites, communauté musulmane majoritaire en Irak et considérée comme hérétique par Daesh.
Citing a "source," #ISIS 'Amaq reported that death toll among Shi'ites rose in #Karada suicide bombing in #Baghdad to 194, over 170 wounded
— SITE Intel Group (@siteintelgroup) 3 juillet 2016
Malgré ses revers militaires sur le terrain face aux troupes gouvernementales, Daesh parvient à commettre des attentats très meurtriers au milieu de rassemblements civils.
L'envoyé de l'ONU pour l'Irak, Jan Kubich, a condamné l'attentat, un "acte lâche et odieux aux proportions inégalées". A l'étranger, le président français François Hollande a dénoncé "l'œuvre de criminels abjects" et redit sa "détermination absolue à les combattre partout".
L'attaque "ne fait que renforcer notre détermination à soutenir les forces de sécurité irakiennes", a déclaré le porte-parole du Conseil national de sécurité américain, Ned Price. Avant dimanche, la dernière attaque majeure de Daesh à Bagdad remontait au 17 mai : un double attentat contre deux quartiers avait fait près de 50 morts.
Le nouvel attentat est survenu après la perte par Daesh de son fief de Fallouja, tombé le 26 juin aux mains des troupes progouvernementales soutenues par la coalition internationale, après une offensive de plusieurs semaines. Daesh s'est emparé en 2014 de larges pans du territoire mais il a depuis perdu du terrain au profit des forces gouvernementales. L'organisation jihadiste occupe également de vastes régions en Syrie.