Dix jours après le scrutin, le Royaume Uni semble toujours sous le choc, entre guerres fratricides au sein des partis politiques et réveil du séparatisme en Écosse et en Irlande du Nord.
«Du fromage, pas Farage». Le slogan, qui oppose le leader du parti anti-européen Ukip à la gastronomie française, ornait ce week-end de nombreuses pancartes à Londres, lors d’une manifestation anti-Brexit.
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Des milliers de Britanniques ont déferlé dans les rues de la capitale pour clamer leur attachement à l’Union européenne, en dépit des résultats sans appels du référendum, remporté par les partisans de la sortie avec 51,9% des voix.
Une crise politique généralisée
Alors que la société civile multiplie les initiatives symboliques contre la sortie de l’UE, à l’instar de ces pétitions demandant la sécession de Londres ou de Cambridge, la classe politique se déchire à Westminster. Chez les conservateurs au pouvoir, les hostilités sont lancées pour remplacer David Cameron, qui a annoncé sa démission à l’issue du référendum.
Son ministre de la Justice, Michael Gove, a créé l’événement la semaine dernière en se déclarant candidat, alors que l’ancien maire de Londres Boris Johnson, leader des pro-Brexit, a renoncé à se présenter, à la surprise générale. La ministre de l’Intérieur Theresa May s’est également lancée dans la course.
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Si la campagne s’est durcie ce dimanche 3 juillet avec les premières interventions télévisées des candidats, ces derniers s’accordent du moins sur le fait de ne pas déclencher le processus de sortie de l’UE avant fin 2016.
Un agenda aux antipodes de celui défendu par Nigel Farage, qui milite avec son parti Ukip pour que la procédure soit activée le plus tôt possible, sans attendre la nomination du nouveau Premier ministre, prévue le 9 septembre.
L’opposition travailliste n’est guère plus unie, son leader Jeremy Corbyn faisant face à une fronde de 80% de ses troupes, qui lui reprochent d’avoir été trop hésitant dans sa défense de l’UE.
Une crise territoriale en germe
À ces divergences politiques viennent s'ajouter des divisions territoriales. En Écosse, où le camp du maintien a raflé 62% des voix, la tentation indépendantiste est ravivée par le Brexit.
Edimbourg continuera «à jouer son rôle dans une Europe plus forte», a ainsi déclaré la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon samedi, devant le parlement local. Quelques jours plus tôt, elle s’était rendue à Bruxelles pour évaluer les chances de l’Écosse de rester dans l’Union si elle quittait le Royaume Uni.
FM @NicolaSturgeon also this morning met President of the @Europarl_EN, @MartinSchulz in Brussels. pic.twitter.com/tWfw9AANoQ
— First Minister (@ScotGovFM) 29 juin 2016
En Irlande du Nord, où les pro-européens sont également arrivés en tête le 23 juin, le parti indépendantiste Sinn Fein a immédiatement demandé l’organisation d’un référendum en vue d’un rattachement à la République d’Irlande.
Enfin, les habitants de Gibraltar, enclave britannique au sud de l’Espagne, espèrent obtenir un statut particulier pour pouvoir circuler librement de l’UE, et ne pas rester coincés sur un territoire de 6,8 km2.