Le géant de l'informatique Microsoft a cassé sa tirelire pour racheter le réseau social pour professionnels LinkedIn, poursuivant son offensive pour contrer Google et étoffer ses services aux entreprises.
Le groupe fondé par Bill Gates va mettre 26,2 milliards de dollars (23,19 milliards d'euros) pour prendre le contrôle de LinkedIn, selon une opération annoncée lundi par les deux groupes.
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LinkedIn conservera son indépendance et son dirigeant actuel, Jeff Weiner, précise leur communiqué commun. LinkedIn, créé en 2003, revendique 433 millions de membres dans le monde. La transaction se fera pour 196 dollars par action LinkedIn. Cette entreprise s'est imposée dans le domaine du réseau social pour professionnels où s'échangent informations sur les carrières, les mutations, les intérêts, l'échange d'informations ainsi que des offres d'emplois.
Créer des synergies
«LinkedIn a développé une extraordinaire entreprise pour connecter les professionnels du monde entier», a affirmé le PDG de Microsoft, Satya Nadella, cité dans le communiqué, en soulignant que le but était de créer des synergies, notamment avec Microsoft 365, le logiciel du groupe dans le domaine de l'informatique dématérialisée (cloud) avec lequel il cherche à faire concurrence à Google.
Les deux groupes ont indiqué que la transaction, qui a reçu l'assentiment du fondateur et principal actionnaire de LinkedIn, Reid Hoffman, devrait être finalisée d'ici la fin de l'année après accord des autorités de la concurrence. M. Nadella a indiqué qu'il s'agissait de la plus grosse acquisition pour le groupe fondé par Bill Gates depuis qu'il en avait pris la direction début 2014.
Echec cuisant avec Nokia
Microsoft avait subi un échec cuisant en rachetant en 2013 les téléphones du finlandais Nokia pour faire concurrence à Google et à Apple sur les marchés des smartphones. Cette opération s'était traduite deux ans plus tard par de lourdes pertes pour Microsoft et par la dépréciation de cet investissement. En acquérant LinkedIn, Microsoft cherche non seulement à faire concurrence à Google mais également à Facebook, qui s'adresse lui davantage aux particuliers.
Le groupe de Redmond (Etat de Washington, nord-ouest) domine le marché des systèmes opérationnels (OS) pour ordinateurs et tente depuis plusieurs années de se diversifier pour s'orienter davantage vers l'informatique dématérialisée et la réalité augmentée et virtuelle avec son système HoloLens. Il avait aussi pris le contrôle en 2011 pour 8,5 milliards de dollars du pionnier de la téléphonie et de la vidéophonie sur internet Skype.
Une acquisition qui suscite le scepticisme
Mais l'acquisition de LinkedIn, suscitait lundi un certain scepticisme. «Microsoft était en retard dans la téléphonie mobile et l'acquisition de Nokia a été un échec misérable. Microsoft a été en retard dans les logiciels de recherche et après avoir essayé d'acheter Yahoo! les deux groupes ont conclu un accord de coopération qui a été un désastre total (...). Microsoft a acheté Skype et cela n'a fait que décliner. Microsoft n'a rien appris de ses erreurs passées», a asséné l'analyste Trip Chowdhry de Global Equity Research.
Il a toutefois souligné qu'il s'agissait d'une très bonne opportunité de sortie pour les actionnaires de LinkedIn au moment où, selon lui, le groupe qui emploie 10.000 personnes est en déclin. Ce n'est évidemment pas l'avis de Microsoft qui a souligné dans son communiqué que la croissance des utilisateurs de LinkedIn sur les douze derniers mois avait atteint 19% avec plus de 7 millions d'offres d'emplois affichées sur le site et 60% des utilisateurs l'utilisant sur leurs téléphones mobiles.