Les forces progouvernementales libyennes bombardaient vendredi à l'artillerie lourde Daesh à Syrte, au lendemain de leur entrée dans ce principal fief jihadiste en Libye qu'elles encerclent et cherchent à reprendre depuis un mois.
Ces forces loyales au gouvernement d’union nationale (GNA) soutenu par la communauté internationale ont annoncé sur une page Facebook dédiée à l'offensive antijihadistes et sur Twitter que "les tirs à l'artillerie lourde ciblent les positions de Daech dans les environs du centre de conférence Ouagadougou".
Daesh qui a installé son centre de commandement et de contrôle dans le complexe de Ouagadougou au centre de Syrte, ville située à 450 km à l'est de la capitale Tripoli et aux mains du groupe jihadiste depuis juin 2015.
L'opération surnommée "Libération de Syrte" a été lancée le 12 mai par des forces terrestres, aériennes et maritimes pour chasser Daesh d'une bande littorale d'environ 200 kilomètres de long dans le centre-nord du pays, dont la cité de Syrte.
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Une perte de cette ville constituerait un énorme revers pour Daesh, Syrte étant sa principale base en Libye où le groupe jihadiste s'est implanté depuis fin 2014 à la faveur du chaos politique et sécuritaire consécutif à la révolte qui chassa du pouvoir Mouammar Kadhafi en 2011.
De surcroît, l'organisation jihadiste responsable d'exactions terribles et d'attentats meurtriers dans le monde fait face en Irak et en Syrie, les deux pays où elle est le mieux implantée, à de multiples offensives soutenues par les Etats-Unis et par la Russie.
L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, a laissé entendre dimanche que des forces spéciales américaines et françaises se trouvaient en Libye pour aider dans la lutte anti-EI, mais cette présence n'a pas été confirmée officiellement.
Les Etats-Unis 'encouragés'
Les Etats-Unis se sont d'ailleurs réjouis des progrès des pro-GNA à Syrte. "Nous surveillons la situation très étroitement et sommes encouragés par ce que nous voyons", a dit le Pentagone. Cela "montre que le GNA comme les forces qui le soutiennent progressent".
Mercredi, le forces progouvernementales ont réussi à pénétrer à Syrte après avoir pris le contrôle de ses entrées à l'est et à l'ouest et avoir bloqué les accès maritimes grâce à la marine, selon des responsables militaires.
Des combats ont ensuite éclaté dans la ville, a indiqué le porte-parole des forces du GNA, Mohamad Ghassri, en faisant état de francs-tireurs installés sur les toits des immeubles et du centre Ouagadougou. "L’opération ne va pas durer encore longtemps", avait-il prédit.
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Il n'était pas possible de déterminer le nombre de civils toujours présents dans la ville. En trois semaines d'offensive, 115 combattants ont été tués et 300 blessés, selon Aziz Issa, de l’hôpital de Misrata.
Avant de parvenir à Syrte, les troupes avaient repris durant l'offensive Abou Grein (130 km à l'ouest de Syrte), puis l'importante base aérienne d'al-Gordabia, la centrale thermique de Syrte, trois casernes et Harawa, l'une des trois plus importantes localités de la région, à 70 km à l'est de Syrte.
Mais la réalité de la situation militaire reste confuse en raison de l'absence de journalistes et de sources indépendantes sur le terrain.
Prudence
Les forces du GNA sont essentiellement composées de milices de l'Ouest principalement celle de Misrata (150 km à l'ouest de Syrte) qui ont rallié le GNA dirigé par le Premier ministre désigné Fayez al-Sarraj et installé à Tripoli depuis le 30 mars.
Elles sont aussi soutenues par les Gardes des installations pétrolières et par des unités de l'armée divisée. D'autres unités de l'armée restent loyales au gouvernement parallèle installé dans l'Est qui ne reconnaît pas la légitimité du GNA, et sont dirigées par le général controversé Khalifa Haftar.
La grande majorité des avions -des MIG- et hélicoptères utilisés dans l'offensive sont basés à Misrata d'où ils décollent pour mener leurs raids. Le nombre de jihadistes présents à Syrte n'est pas connu. Les services étrangers estimaient à 5.000 hommes les effectifs de l'EI en Libye il y a quelques semaines.
Les experts restent prudents sur le sort de l'EI après une éventuelle chute de Syrte, et soulignent que cela ne signifiera pas la fin du groupe jihadiste en Libye.
"Si Syrte tombe, l'EI sera toujours présente par l'intermédiaire de groupes agissant dans le désert libyen ou par des attaques terroristes à Tripoli ou Misrata", estime Mattia Toaldo, expert au groupe de réflexion European Council on Foreign Relations.
Les pays européens espèrent qu'une stabilisation de la Libye permettra de limiter l’immigration clandestine, notamment africaine, via ses 1.770 km de côtes pour rejoindre l'Italie puis le reste de l'UE. L'île italienne de Lampedusa est distante de seulement environ 300 km des côtes libyennes.