Le Premier ministre français Manuel Valls entame dimanche un voyage délicat en Israël puis dans les Territoires palestiniens au cours duquel il défendra une initiative française de relance du processus de paix, reçue avec froideur par son homologue israélien Benjamin Netanyahu.
Les deux hommes doivent se rencontrer lundi midi à Jérusalem, une semaine après la visite du chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault, devant lequel le Premier ministre israélien avait émis des doutes sur "l'impartialité française".
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En cause, une résolution de l'Unesco votée mi-avril par la France, qui a suscité la colère d'Israël, notamment parce qu'elle ne désigne jamais l'esplanade des Mosquées sous son nom juif de mont du Temple. "Nous n'aurions pas dû voter en faveur de ce texte. Je le regrette. Le président (François Hollande) l'a dit également", a répété M. Valls dans une interview au quotidien israélien Yediot Aharonot. Le numéro 2 français "y va parfaitement conscient de la réaction israélienne, pour continuer le dialogue (...) (et rappeler) que cette initiative française n'est pas contre les Israéliens mais dans leur intérêt", a souligné son entourage.
Arrivé samedi soir en Israël, M. Valls commence pour ainsi dire par le plus facile: une journée à Tel-Aviv centrée sur les relations économiques et culturelles entre la France et l'Etat hébreu. Lundi après-midi, après sa rencontre avec M. Netanyahu, il passera côté palestinien et rencontrera mardi son homologue Rami Hamdallah. Inauguration d'une centrale solaire construite par le groupe français EDF, rencontre avec des start-ups françaises implantées dans la très dynamique ville israélienne, déjeuner sous l'égide de la chambre de commerce franco-israélienne: le début dimanche du programme de cette visite, "globale" et pas seulement diplomatique selon les services du Premier ministre français, est centré sur les relations d'affaires.
Dans l'après-midi, avant une remise de médaille et un discours à l'Université de la ville, M. Valls doit aller fleurir le mémorial Yitzhak Rabin, sur les lieux de l'assassinat en 1995 du Premier ministre israélien artisan des accords d'Oslo. Il participera aussi à une émission le soir sur les chaînes de télévision israélienne i24 et française BFM TV, organisée avec d'autres médias détenus par le milliardaire franco-israélien Patrick Drahi (Libération, L'Express...)
Retour des ultranationalistes
L'initiative française intervient alors que le processus de paix israélo-palestinien est au point mort depuis l'échec en avril 2014 d'une initiative américaine et alors qu'Israël et les Territoires palestiniens sont secoués par une vague de violences depuis le mois d'octobre. La France tente de mettre sur pied une conférence internationale sur le processus de paix, dont elle s'emploiera à jeter les bases lors d'une réunion ministérielle le 3 juin en présence des grandes puissances et des principaux pays et organisations concernées, mais sans les Israéliens ni les Palestiniens.
L'objectif est ensuite de réunir la conférence proprement dite avec les deux parties, à l'automne, avant que ne s'achève le deuxième mandat du président américain Barack Obama. "On ne pourra ensuite progresser sans discussions directes entre Israéliens et Palestiniens. Je connais les réserves que suscite cette initiative côté israélien. J'en parlerai avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu", a dit M. Valls au Yediot Aharonot.
La France est animée à la fois par le "volontarisme" et la "modestie", a par ailleurs affirmé M. Valls à la radio communautaire juive française Radio J. Elle vient d'obtenir la confirmation - significative - de la présence du secrétaire d'Etat américain John Kerry le 3 juin à Paris. En revanche, les derniers soubresauts de la politique intérieure israélienne incitent plus que jamais à la prudence: M. Valls arrive en Israël au moment où M. Netanyahu semble en passe de faire entrer dans son gouvernement l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, figure détestée des Palestiniens.
L'arrivée à la tête du ministère clé de la Défense de M. Lieberman, qui a accusé le gouvernement de manquer de fermeté face à la vague actuelle d'attaques palestiniennes et qui prône de nouvelles colonies en Cisjordanie occupée, cimenterait le gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël, selon des commentateurs.