Le Panama craignait dimanche des révélations choc à la veille de la publication par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) de nouveaux documents potentiellement compromettants pour ce pays d'Amérique centrale connu pour ses comptes offshore.
Les millions de documents des "Panama Papers" qui ont mis au jour un vaste scandale d'évasion fiscale à travers le monde seront accessibles au public à partir du 9 mai, a annoncé mercredi l'ICIJ, basé à Washington. "Nous craignons que la réputation du pays en soit affectée", a déclaré ministre de l'Intérieur panaméen Milton Henriquez, sur la chaîne TVN-2.
Le cabinet panaméen d'avocats Mossack Fonseca, au cœur du vaste scandale d'évasion fiscale révélé par les "Panama Papers", a lui menacé d'actions en justice si ces millions de documents étaient mis comme prévu en accès public. Les quelque 11,5 millions de documents du cabinet Mossack Fonseca, dévoilés par une centaine de médias, avaient déjà révélé l'utilisation à grande échelle de sociétés offshore permettant de placer des actifs dans des territoires opaques et à très faible fiscalité.
Arrestation de l'homme d'affaires Nidal Waked
La publication annoncée de nouveaux documents intervient de surcroît à un moment sensible pour Panama en raison de l'arrestation cette semaine en Colombie de l'homme d'affaires Nidal Waked, un membre de l'une des familles les plus riches du pays que les Etats-Unis accusent de blanchir l'argent de la drogue. Présenté par la police colombienne comme "l'homme le plus recherché au monde pour blanchiment d'argent", Nidal Waked, un Colombien d'origine libanaise, est le propriétaire d'une chaîne de boutiques détaxées dans les aéroports. Agé de 44 ans, il aurait, selon la justice américaine qui demande son extradition, utilisé son réseau de magasins pour blanchir de l'argent issu du trafic de drogues.
Le Trésor américain a d'ailleurs adopté des sanctions financières contre lui et plusieurs membres de sa famille, les plaçant ainsi que leurs entreprises sur la liste noire des entités visées par des sanctions américaines et gelant leurs actifs aux Etats-Unis.
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Au Panama, ces filiales emploient 5.000 personnes, d'où les craintes que de nouvelles révélations entachent non seulement l'image du pays mais affectent son économie. La Chambre de commerce, de l'industrie et de l'agriculture du Panama a ainsi déclaré dimanche que l'arrestation avait "choqué le pays" et appelé à une "clarification rapide de la situation pour atténuer tout impact qu'elle pourrait avoir". La Chambre de commerce a aussi appelé à "protéger l'intégrité du marché et du centre bancaire international" du pays.