Le Trésor britannique a mis en garde lundi contre les conséquences économiques néfastes d'un possible "Brexit", avec un PIB moins élevé de 6% à terme.
Il s'est appuyé sur les conclusions d'un rapport, qui, avant même sa publication officielle, suscitait un torrent de critiques chez les eurosceptiques dénonçant une "conspiration". A un peu plus de deux mois du référendum sur le maintien ou non du pays dans l'UE, le ministre des Finances, George Osborne, devait présenter en fin de matinée une analyse détaillée de quelque 200 pages réalisée par le Trésor sur les coûts et avantages de l'adhésion au bloc européen.
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Mais la presse faisait déjà ses gros titres sur les conclusions des experts du Trésor et leur ministre M. Osborne, farouche partisan du maintien britannique au sein des 28, tranchait dans une tribune au Times : "La conclusion est claire: pour l'économie britannique et les familles, quitter l'UE équivaudrait à s'automutiler"."Il y aurait moins de commerce, moins d'investissement et moins d'affaires. Quitter l'UE, et le Royaume-Uni serait appauvri pour toujours. Les familles britanniques seraient plus pauvres de façon permanente aussi", a prévenu le chancelier de l’Échiquier. Si les Britanniques décidaient de quitter l'UE le 23 juin, s'ouvrirait une période d'intenses négociations entre Londres et Bruxelles pour définir les contours des nouvelles relations entre le Royaume-Uni et l'UE en termes économique, commercial et de circulation des personnes, entre autres.
EU Referendum: straw man Osborne - a fantasy option instead of real benefits https://t.co/73TczVtRot #Brexit
. pic.twitter.com/0hkgIrFQqA— RichardAENorth (@RichardAENorth) 18 avril 2016
Les experts du Trésor ont étudié plusieurs pistes possibles de renégociation, parmi lesquelles M. Osborne a distingué le scénario à la "canadienne", dans lequel son pays négocierait avec l'UE un accord de libre-échange similaire à celui liant le Canada au bloc européen, qualifié de scénario le plus plausible par le ministre.Dans ce cas-là, chaque foyer britannique perdrait environ 4.300 livres de revenus par an (5.400 euros), a avancé le ministre en s'appuyant sur les conclusions de l'étude, ajoutant que le produit intérieur brut (PIB) du pays serait d'ici à 2030 inférieur de 6% à ce qu'il aurait été en cas de poursuite de l'aventure européenne.
"Perte de souveraineté démocratique"
Avant même sa publication officielle, ce rapport suscitait les hauts cris des partisans d'un "Brexit" qui reprochent aux autorités un tropisme pro-européen. "Ils avancent toujours les chiffres négatifs sur le Brexit et jamais les positifs parce que cela fait partie de leur conspiration (qui consiste) à nous maintenir de force dans l'UE", a commenté sur la BBC le député eurosceptique et ancien ministre, John Redwood.
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Comme lui, de nombreux responsables du Parti conservateur, dont le turbulent maire de Londres Boris Johnson, font ouvertement campagne pour un départ d'une Union européenne accusée de générer un trop-plein de bureaucratie nuisible à la croissance et d'alimenter un flot incontrôlable d'immigration.
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Dans une chronique au Daily Telegraph, M. Johnson s'en prend "aux suspects habituels" qui tentent de convaincre les Britanniques "d'accepter, au nom de la prospérité économique, la perte exponentielle de notre souveraineté démocratique". Avec des accents populistes, l'ancien élève de l'école élitiste d'Eton fustige "les hommes de Davos, le genre de personnes dont les billets d'avion en première classe sont financés par le contribuable, tous les lobbyistes, les chargés d'affaire des grandes entreprises" qui prédisent le pire en cas de Brexit.
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Le chef du parti conservateur, le Premier ministre David Cameron, est à l'inverse en première ligne de la campagne visant à maintenir le Royaume-Uni dans le giron européen. Il a reçu la semaine dernière le soutien du leader travailliste, le très à gauche Jeremy Corbyn, sorti de son silence pour exhorter ses compatriotes à voter pour rester dans une UE certes "imparfaite" mais "protectrice".
La campagne officielle s'est ouverte vendredi avant cette première consultation sur l'Europe depuis 1975 dans le pays, qui inquiète les milieux économiques et dirigeants du monde entier, favorables en majorité au maintien britannique dans l'UE. Le président américain Barack Obama va ainsi profiter d'une visite à Londres en fin de semaine pour souligner sa préférence envers un Royaume-Uni européen.b Les sondages placent jusqu'à présent les deux camps au coude-à-coude.