En se rendant aux côtés des réfugiés en Grèce, Jorge Mario Bergoglio reste fidèle à ses valeurs tout en envoyant au monde un message fort.
Plus qu’un simple déplacement, c’est un message. Le pape est attendu ce samedi sur l’île de Lesbos, en Grèce, afin de manifester sa «proximité et solidarité, tant aux réfugiés [...] qu’à tout le peuple grec». Une visite forte en symboles sur un morceau de terre qui a accueilli plus de la moitié des 150 000 migrants débarqués en Grèce depuis le début de l’année 2016. Sur place, François devrait rencontrer le Premier ministre Alexis Tsipras, qui le mènera auprès des résidants d’un centre d’accueil, puis sur le port pour une prière pour les victimes des naufrages.
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Fils d’immigrés italiens arrivés en Argentine à la fin des années 1920, François a toujours fait de la crise migratoire un de ses combats. Le 8 juillet 2013, pour son premier voyage hors de Rome depuis son élection, il avait ainsi choisi de visiter l’île italienne de Lampedusa, «porte de l’Europe» pour de nombreux migrants avant la crise actuelle. Près de trois ans plus tard, le pape devrait à nouveau fustiger «la mondialisation de l’indifférence», que ce soit face aux naufrages ou aux camps de rétention remplis.
Car pour lui, l’accueil et la fraternité sont des valeurs catholiques, qu’il ne cesse de prêcher. En septembre dernier, il appelait ainsi «chaque paroisse, chaque communauté religieuse, chaque monastère, chaque sanctuaire d’Europe à accueillir une famille» de réfugiés. Et pour bien montrer l’exemple, les deux paroisses du Vatican hébergent depuis quelques mois deux familles syrienne et érythréenne. François lui-même, à l’occasion du dernier jeudi saint, a lavé les pieds de onze migrants en signe de «fraternité».
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Mais son message est loin de s’arrêter à la sphère religieuse, il est même directement dirigé vers la classe politique. En saluant régulièrement «le généreux secours» de la Grèce, il fustige l’inaction des autres pays européens. Une situation qu’il avait déjà dénoncée en 2014 devant le Parlement européen, ou encore à Pâques, condamnant indirectement les pays qui ferment leur frontières alors qu’ils «pourraient offrir un accueil et de l’aide».
Le pape des laissés-pour-compte
Ce discours est en adéquation avec les valeurs de Jorge Mario Bergoglio depuis son élection, le 13 mars 2013, et même bien avant. En tant que jésuite, il avait fait vœu de pauvreté. Un style de vie qu’il avait conservé malgré son titre de cardinal. Enfin, en choisissant comme nom de pape «François», il avait fait une référence directe à saint François d’Assise, le saint des pauvres.
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Depuis, à chacun de ses discours et de ses déplacements, il ne manque jamais de s’adresser aux laissés-pour-compte et aux victimes des inégalités. Dernier exemple lors de son voyage au Mexique, en février dernier, où son programme l’a conduit auprès d’aborigènes, de victimes de gangs ou encore de prisonniers.