L'Islande pourrait devenir prochainement le premier pays à être dirigé par le Parti Pirate. Un nouveau sondage publié hier montre que 43% des Islandais voteraient pour cette formation si des élections avaient lieu aujourd'hui.
Déja très populaire sur l'île, le Parti Pirate bénéficie désormais du scandale provoqué par les Panama Papers, qui a poussé le Premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson à démissionner. Il était accusé de posséder des avoirs dans un paradis fiscal aux Iles Vierges. Il a quitté le pouvoir mardi sous la pression des manifestations spontanées qui ont réuni plus de 20.000 manifestants, dans un pays qui en compte environ 300.000. Il a été remplacé par Sigurdur Ingi Johannsson, qui a promis la tenue d'élections anticipées dans les six prochains mois.
Mais alors que le gouvernement composé du Parti de l'Indépendance et du Parti du progrès reste plus impopulaire que jamais, il n'est pas certain qu'il parvienne à tenir ainsi jusqu'à l'automne. Ce remaniement gouvernemental «n'est pas ce que veut le peuple», a ainsi déclaré la fondatrice du Parti Pirate islandais et députée Birgitta Jonsdottir. «Nous ne voyons pas l’intérêt qu’il y a à maintenir en place un gouvernement qui ne bénéficie que de 26% de confiance» dans la population, a-t-elle ajouté.
Conscients qu'ils n'ont aucune chance de se maintenir au pouvoir si des élections se tenaient aujourd'hui, les partis qui forment l'alliance au pouvoir devraient toutefois jouer la montre le plus longtemps possible.
Si le Parti Pirate est aussi populaire en Islande, c'est que son programme accorde justement une place centrale à la question de l'éthique en politique, avec comme objectifs affichés, entre autres, une plus grande transparence, la défense des libertés individuelles et la possibilité pour les citoyens de peser véritablement sur les décisions.
Né en Suède en 2006, ce parti politique a été crée par un ingénieur informaticien, Rick Falkvinge, en réaction au procès qui se tenaient alors contre le site de téléchargement The Pirate Bay. Dans un manifeste publié sur Internet, il plaidait pour une remise en cause du système actuel de copyright et pour une réforme des droits d'auteur qui tienne compte de l'évolution des technologies. Une position qui a rapidement permis au Parti Pirate suédois d'obtenir de premiers élus au Parlement européen.
Une démocratie horizontale
Fort de ces succès, la formation a rapidement fait des émules, notamment en Allemagne, se déclinant dans plus d'une centaine de pays. Chemin faisant, il a élargi son programme au-delà des seules questions liées à Internet. Prônant une démocratie horizontale qu'il qualifie de «démocratie liquide», il propose de mettre Internet et les nouvelles technologies au service de la démocratie, en les utilisant pour permettre aux citoyens de s'exprimer en dehors du seul cadre des élections.
Un modèle qu'il applique déja dans son fonctionnement interne, fonctionnant sans véritable chef, ses membres organisant régulièrement des réunions en physique ou en ligne pour prendre des décisions sur l'avenir du parti. En France, le Parti Pirate existe officiellement depuis 2011. Il a notamment pris part aux dernières élections européennes et municipales, réalisant notamment un score de 3,3% dans le 10e arrondissement de Paris.