Tweet après tweet, discours après discours, Donald Trump attaque régulièrement - et vulgairement - la gent féminine. Florilège de ses sorties médiatiques aux relents misogynes.
Dernier fait d'arme en date : Donald Trump s'en est pris à la compagne de Ted Cruz - autre candidat à l'investiture qui talonne le milliardaire dans les sondages -, en représailles à la photo coquine de Melania Trump diffusée sur les réseaux sociaux par ce dernier. La semaine dernière, il a ainsi promis de "dévoiler les secrets" ("spill the beans") concernant Heidi Cruz, ancienne cadre du conglomérat bancaire Goldman Sachs.
Lyin' Ted Cruz just used a picture of Melania from a G.Q. shoot in his ad. Be careful, Lyin' Ted, or I will spill the beans on your wife!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 23 mars 2016
Aussitôt dit, aussitôt publié, Donald Trump a retweeté le 24 mars une photo d'elle peu flatteuse, accompagnée du laconisme : "Une image vaut bien mille mots". Encore une fois, le bulldozer a décidé de taper sur le physique.
"@Don_Vito_08: "A picture is worth a thousand words" @realDonaldTrump #LyingTed #NeverCruz @MELANIATRUMP pic.twitter.com/5bvVEwMVF8"
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 24 mars 2016
"Donald, tu n'es qu'un lâche et un pleurnichard, fous la paix à Heidi", a répondu un Ted Cruz colérique devant des journalistes dans le Wisconsin, appelant les Républicains à se rassembler autour de sa candidature afin de battre Trump. En guise de répartie, il a ajouté que "les femmes fortes font peur à Donald".
Face au tollé provoqué par ce dialogue de sourds interposés, Donald Trump a préféré se rétracter. "Oui, c'était une erreur" de retweeter la photo de son rival", a-t-il admis, samedi, dans le New York Times. "Si c'était à refaire, je ne l'aurais pas envoyé." Soit le candidat a bel et bien des scrupules, soit son conseiller en communication lui a mis un coup de pression, au choix.
Bras de fer avec une journaliste
Les mentions à Heidi Cruz ne sont que la pointe de l'iceberg des piques de Trump contre les femmes, notamment celles qui le critiquent. Lors d'un débat télévisé l'été dernier, la journaliste Megyn Kelly avait interrogé le candidat sur son sexisme, rappelant ses multiples répliques controversées : "Vous appelez les femmes que vous n'aimez pas 'grosse truie', 'chienne', 'bonne à rien' et 'animal dégoûtant'".
Ce à quoi Donald Trump avait répondu par la suite : "Il y avait du sang qui sortait de ses yeux, du sang qui sortait de son... où que ce soit", en allusion aux supposées menstruations de la journaliste, qui tendraient à expliquer ses questions musclées. Avant cela, il avait déjà qualifié Megyn Kelly de "bimbo" sur Twitter. Un modèle de finesse d'esprit.
Un coup très bas à l'encontre de Hillary Clinton
Autre affaire récente : la réponse de Donald Trump à une avocate réclamant une pause au cours d'un procès pour tirer son lait en vue de nourrir sa fille. "Vous êtes dégoûtante", lui aurait asséné le personnage avant de quitter les lieux. Les faits, survenus en 2011, ont été relatés par la femme en question sur CNN en juillet dernier. L'intéressé les a niés, tout en qualifiant cette femme de "vicieuse et d'horrible personne".
En avril dernier, le candidat à l'investiture républicaine n'avait pas hésité à partager le tweet particulièrement peu subtil d'un internaute : "Si Hillary Clinton (candidate à la primaire démocrate) ne peut pas satisfaire son mari, qu'est-ce qui lui fait croire qu'elle peut satisfaire l'Amérique ?". Certes, le message avait rapidement été retiré de son compte, mais le mal était fait et le tweet, retweeté à foison.
A lire aussi : Imparable Donald Trump ?
L'actrice et animatrice de télévision Rosie O'Donnell en a aussi pris pour son grade, et ce dès 2006. "Rosie O’Donnell est dégoûtante à la fois à l’intérieur et à l’extérieur", avait-t-il craché à son encontre. "Si vous la regardez bien, c’est une plouc. Comment peut-elle passer à la télévision ? Si je dirigeais (son émission), je la virerais. Je regarderais bien ce visage gros et laid et je dirais : 'Rosie, t’es virée'".
Trump, ce "dinosaure sexiste déchaîné"
Les frasques misogynes de Donald Trump pourraient faire l'objet d'un catalogue. En 2011, il avait envoyé un mémo à la chroniqueuse du New York Times Gail Collins lui disant qu'elle avait "le visage d'un chien". En 2012, sur Twitter, il avait attaqué Arianna Huffington, cofondatrice du Huffington Post, mentionnant qu'elle était "peu séduisante" et que son ex-mari avait "fait le bon choix" de la "quitter pour un homme". En septembre 2015, lors d'un débat télévisé, il avait taclé sans équivoque le physique de l'ancienne candidate à la primaire républicaine Carly Fiorina.
A lire aussi : La menace Trump se rapproche, par Jean-Marie Colombani
Dans son ouvrage "Trump 101 : la Voie du Succès", le magnat de l'immobilier a même osé comparer la beauté des femmes à celle de certains bâtiments, visiblement les deux "choses" qu’il aime le plus au monde. Dans son émission de télé-réalité The Apprentice, qui met en scène des célébrités, il avait laissé entendre à une ancienne playmate du magazine Playboy qu'il adorerait la "voir à genoux".
Et ce n'est pas le pire : mercredi, lors d'une interview, à la question de savoir s'il fallait criminaliser l'avortement, Donald Trump s'est dit favorable à une "forme de punition pour les femmes" qui auraient recours à l'avortement - pourtant légalisé dans l'ensemble du pays depuis 1973 -, reconnaissant ne pas savoir quel type de châtiment serait "adapté". Provoquant une levée de boucliers de la part de ses détracteurs et de nombreuses associations, l'excentrique a vite fait machine arrière dans un communiqué de presse. Trop tard : si les paroles s'envolent et que les écrits restent, les vidéos web tournent en boucle.
Toujours dans la subtilité le Trump, donc. Lot de consolation : ses extravagances permettent à la presse outre-Atlantique engagée de qualifier allègrement l'animal (politique) de "dinosaure sexiste déchaîné" qui "hait les femmes autant qu'il adore l'argent".