La trêve de Pâques aura été courte pour la présidente brésilienne Dilma Rousseff, embourbée dans une crise politique majeure, qui risque de voir sa coalition éclater cette semaine à l'approche du vote des députés sur sa destitution, attendu mi-avril.
Lundi, l'Ordre des avocats du Brésil (OAB) déposera une nouvelle demande de destitution à l'encontre de la dirigeante de gauche, accusée d'avoir maquillé les comptes publics et d'être impliquée dans le tentaculaire scandale Petrobras. Mais c'est surtout mardi à Brasilia que son avenir pourrait se sceller: la direction nationale du PMDB, incontournable allié centriste de la coalition chancelante autour du Parti des travailleurs (PT) de Dilma Roussef, devrait officialiser sa rupture avec le gouvernement, hypothéquant un peu plus ses chances de rester au pouvoir.
Première force parlementaire du pays avec 69 députés, le PMDB est dirigé par le vice-président de la République Michel Temer, 75 ans, qui assumerait le pouvoir jusqu'aux élections générales de 2018 en cas de destitution de Dilma Rousseff. Cet homme d'appareil discret n'a jamais défendu la présidente ces dernières semaines, quand la crise qui ébranle le géant émergent d'Amérique latine s'est brutalement embrasée. Il a préféré s'entretenir la semaine dernière avec le chef de l'opposition Aecio Neves pour évoquer l'avenir du pays, en pleine récession économique et dans une crise politique historique empoisonnée par le mégascandale de corruption Petrobras.
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Depuis début mars, des millions de Brésiliens, essentiellement de la classe moyenne blanche des mégapoles du Sud-Est industriel, ont défilé pour réclamer le départ de Dilma Rousseff, entraînant des contre-manifestations moins nombreuses de la gauche.
Désemparée, Dilma Rousseff a nommé son mentor et prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva chef de cabinet (quasi-Premier ministre) pour qu'il l'aide à sauver son mandat, alors que pèsent sur lui des soupçons de corruption dans l'enquête Petrobras et la menace d'un placement en détention. Cette nomination controversée a été paralysée par un juge du Tribunal suprême fédéral (STF) suspectant une possible entrave à la justice. Une décision définitive du STF est attendue cette semaine. La nomination a déchaîné l'incendie embrasant le Brésil, provoquant de nouvelles manifestations anti-Rousseff sur fond de bras de fer entre l'exécutif et le pouvoir judiciaire.