Des chercheurs américains ont produit le premier vaccin expérimental pouvant protéger totalement des humains contre la dengue, une maladie virale transmise à l'homme par des moustiques.
Les résultats de ce petit essai clinique mené avec 41 volontaires en bonne santé, dont 21 ont reçu une seule dose de ce vaccin et les autres un placebo, sont très prometteurs pour empêcher une infection par ce virus de la même famille que celui du Zika, également transmis par une piqure de moustique.
L'avancée de ces scientifiques des Instituts nationaux américains de la santé est publiée mercredi dans la revue médicale américaine Science Translational Medicine. Elle paraît être le dernier maillon manquant dans le développement d'un vaccin entièrement efficace contre la dengue qui infecte chaque année près de 400 millions de personnes dans plus de 120 pays.
"Sachant ce que nous savons sur ce nouveau vaccin, nous sommes confiants qu'il va bien fonctionner", a souligné la Dr Anna Durbin, professeur adjointe de santé publique à l'université Johns Hopkins (Maryland), qui a dirigé cette étude.
L'incidence de la dengue progresse actuellement de manière importante ce qui la place aujourd'hui aux rangs des maladies dites "ré-émergentes", selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Alors que dans la plupart des cas, les personnes contractant cette infection survivent avec peu ou aucun symptôme, plus de deux millions annuellement développent une fièvre hémorragique, une complication grave qui fait plus de 25.000 morts par an.
Quatre souches différentes
La dengue peut provoquer une forte fièvre avec des maux de tête, des éruptions cutanées et des douleurs derrière les yeux, dans les articulations et les muscles. On estime que 2,5 milliards de personnes vivent dans des zones à risque. Initialement présente dans les zones tropicales et subtropicales, la dengue touche désormais l'Europe où les premiers cas autochtones ont été recensés en 2010.
La mise au point de ce vaccin avec un virus affaibli qui est efficace contre la dengue, s'est avérée particulièrement ardue étant donné qu'il y a quatre différentes souches de cet agent viral en circulation, expliquent ces scientifiques.
Un vaccin à trois doses, le Dengvaxia avait été autorisé au Mexique, aux Philippines et au Brésil et produisait des anticorps contre le virus dans un essai clinique, conférant une protection pendant la première année après la vaccination.
Mais deux ans après, des enfants de moins de neuf ans qui avaient été vaccinés se sont retrouvés à l'hôpital avec la dengue en nettement plus grand nombre que ceux qui avaient reçu un placebo. Ces chercheurs ont alors déterminé que la présence d'anticorps n'était pas une indication suffisante pour savoir si le vaccin protégeait efficacement contre les quatre souches du virus.
Les scientifiques savaient aussi qu'une personne ayant déjà eu la dengue a des symptômes plus sévères si elle est de nouveau infectée par une souche différente de la première. Les chercheurs ont alors produit ce nouveau vaccin le TV003, déjà efficace contre les virus un, trois et quatre de la dengue mais qui peut aussi produire un forte réaction immunitaire contre le virus deux, le plus virulent.
Vers un vaccin contre le Zika
Ce petit essai clinique a montré que le vaccin pouvait protéger totalement les volontaires jamais infectés précédemment et qui ont été exposés au virus deux de la dengue six mois après la vaccination.
Aucun des 21 participants vaccinés n'avait de trace du virus dans le sang ou a développé des symptômes. En revanche tous ceux traités avec un placebo ont été infectés et 80% ont eu des symptômes.
L'équipe de chercheurs va commencer un essai clinique étendue de phase 3 fin mars au Bangladesh pour démontrer l'efficacité du vaccin à grande échelle. Un autre essai de ce type est déjà en cours au Brésil.
La professeur Durbin a souligné que les méthodes utilisées dans cette étude pour développer ce vaccin anti-dengue pourraient servir à mettre au point un vaccin expérimental contre le Zika dans les prochains mois.
Le Zika, qui peut aussi se transmettre sexuellement, fait actuellement rage en Amérique latine et dans les Caraïbes et est fortement soupçonné de provoquer des microcéphalies, une malformation irréversible caractérisée par une taille anormalement petite du crâne et du cerveau des nouveau-nés.