Des manifestations sont convoquées dimanche dans tout le Brésil pour réclamer le départ de la présidente de gauche Dilma Rousseff, embourbée dans une crise politique majeure qui menace d'entraîner sa destitution.
Mme Rousseff a appelé samedi soir les Brésiliens à manifester pacifiquement alors que des débordements sont craints entre anti et pro-gouvernement. "Je lance un appel pour qu'il n'y ait pas de violences. Tout le monde à le droit de manifester, personne, d'aucun bord, de commettre des violences", a-t-elle exhorté.
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L'opposition espère mobiliser massivement ses partisans pour faire pression sur les parlementaires qui hésitent à voter pour ou contre le départ de la présidente de gauche au cours des prochaines semaines. Des manifestations sont annoncées dans plus de 438 villes du Brésil, au moment où le géant émergent d'Amérique latine est embourbé dans une triple crise dévastatrice.
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Le Brésil entame sa deuxième année de forte récession économique, alors que la crise politique attisée par le scandale de corruption Petrobras paralyse l'action du gouvernement du Parti des travailleurs (PT gauche) au pouvoir depuis 2003.
Les organisateurs des manifestations de dimanche sont des mouvements citoyens marqués à droite qui avaient déjà convoqué l'an dernier trois journées de protestations du même type. Lors de la plus importante, ils avaient rassemblé 1,7 million de Brésiliens en mars 2015. Les partis d'opposition se sont pour la première fois explicitement joints à leur appel.
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"C'est le moment de porter les couleurs du Brésil et de descendre pacifiquement dans les rues pour protester contre la corruption du gouvernement Dilma", appelle sur son site internet le Parti social-démocrate brésilien (PSDB, centre-droit), la principale force de l'opposition.
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L'opposition surfe sur les récents déboires judiciaires de l''ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), mentor politique de Dilma Rousseff.
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L'ancien ouvrier syndicaliste, qui avait présidé au "miracle" socio-économique brésilien des années 2000, a été rattrapé par le scandale de corruption Petrobras, qui éclabousse la coalition au pouvoir.
Des procureurs de Sao Paulo réclament parallèlement des poursuites contre lui pour "occultation de patrimoine" et son placement en détention, à propos d'un appartement dont il nie être le propriétaire. Lula avait vivement réagi il y a huit jours à une brève et humiliante interpellation à domicile par les enquêteurs du dossier Petrobras.
Se disant victime d'une persécution judiciaire visant à l'éliminer de la course à la présidence en 2018, il avait appelé ses militants à déscendre dans les rues. Le PT a décidé de rester à l'écart des manifestations de dimanche, "pour éviter les provocations", appelant ses militants à manifester les 18 et 31 mars.
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La situation est de plus en plus critique pour Dilma Rousseff, qui avait pris les vendredi les devants de ce weekend-end périlleux en affirmant n'avoir aucune intention de démissionner. Mme Rousseff avait appelé Lula à la rescousse en l'invitant à accepter un poste au sein de son gouvernement.
Samedi, la présidente à reçu un nouveau coup de semonce: le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), l'incontournable allié centriste de sa coalition, s'est donné un délai de 30 jours pour décider s'il la lâchera ou non, lors de son congrès national à Brasilia.
Les délégués du PMDB ont réélu à leur tête Michel Temer, le vice-président du Brésil qui assumerait le pouvoir en cas de destitution de Dilma Rousseff, jusqu'aux élections de 2018.
La présidente vit depuis décembre sous la menace d'une procédure parlementaire de destitution lancée par l'opposition qui l'accuse de maquillage de comptes publics en 2014, année de sa réélection, et au premier semestre 2015.
Cette procédure a été freinée par le Tribunal suprême fédéral. Mais elle va rebondir rapidement dès que la haute juridiction aura fixé définitivement les règles de son cheminement, mercredi.
Les deux tiers des votes des députés (342 sur 512) seraient nécessaires pour que Mme Rousseff soit mise en accusation devant le Sénat, où un vote des deux tiers (54 sur 81) serait également requis pour la destituer.