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Les Centrafricains face à un "choix crucial" pour élire un président

Une femme au milieu de matériel de vote avant le scrutin présidentiel en Centrafrique, le 13 février 2016 [ISSOUF SANOGO / AFP] Une femme au milieu de matériel de vote avant le scrutin présidentiel en Centrafrique, le 13 février 2016 [ISSOUF SANOGO / AFP]

Les Centrafricains votent dimanche pour choisir, entre les deux anciens Premiers ministres Anicet Georges Dologuélé et Faustin Archange Touadéra, un président qui devra sortir le pays de trois ans de violences intercommunautaires.

Quelque deux millions d'électeurs sont appelés à départager les deux candidats à la magistrature suprême, qui se sont affrontés lors d'un débat télévisé vendredi soir, une première dans le pays.

"C'est un choix crucial, le futur président va reconstruire notre pays, nous attendons beaucoup de lui", a déclaré Gaston, un habitant du quartier Lakouanga, à la veille du vote qui doit débuter à 06h00 locales (05h00 GMT).

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Dans ce pays de 4,8 millions d'habitants, les électeurs, chrétiens comme musulmans, se sont massivement inscrits sur les listes électorales. Mais dans les rues de Bangui, rares sont ceux qui osent un pronostic pour dire lequel des deux finalistes, sur 30 candidats au départ, va l'emporter au second tour.

Transport d'urnes avant le scrutin présidentiel en Centrafrique, le 13 février 2016 [ISSOUF SANOGO / AFP]
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Transport d'urnes avant le scrutin présidentiel en Centrafrique, le 13 février 2016

Pour les deux technocrates aux promesses assez similaires, les priorités s'imposent d'elles-mêmes pour relever un pays ravagé par trois années de violences: sécurité, justice et relance de l'économie.

Le renversement du président François Bozizé, en mars 2013, par la rébellion à dominante musulmane Séléka de Michel Djotodia, avait précipité le pays dans un cycle de violences intercommunautaires qui a culminé fin 2013 par des massacres à grande échelle et le déplacement de centaines de milliers de personnes.

L'opération militaire française Sangaris, qui a chassé la Séléka du pouvoir, puis la mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) tentent depuis de ramener le calme dans ce pays, l'un des plus pauvres du monde.

M. Dologuélé, bien implanté dans le milieu des affaires, faisait dès le premier tour le 30 décembre, lors duquel il a remporté 23,78% des voix, figure de favori, surtout avec le ralliement en sa faveur du parti KNK de M. Bozizé.

M. Touadéra (19,42%), qui disposait de moins de moyens, a créé la surprise et est désormais considéré comme un très sérieux concurrent. Dernier Premier ministre de M. Bozizé, il a attiré une partie de la base électorale du KNK, en dépit des directives du parti.

Eviter un nouveau fiasco

Chacun des deux adversaires compte des appuis politiques de poids. M. Dologuélé a obtenu le ralliement de Désiré Nzanga Kolingba, troisième au premier tour (12,04%). Quant à M. Touadéra, il compte le plus grand nombre de soutiens avec outre le quatrième, Martin Ziguélé (11,43%), 21 des 30 candidats en lice en décembre.

L'autre enjeu majeur de ce scrutin sera l'organisation d'un nouveau premier tour pour les élections législatives, tenu en même temps que la présidentielle, mais dont les résultats ont été annulés en raison de trop nombreuses irrégularités.

La Cour constitutionnelle avait invalidé ce scrutin en janvier après avoir constaté de "nombreuses irrégularités" dans la quasi-totalité des 140 circonscriptions : absence de bulletins de vote, de listes électorales, de cartes d'électeurs, procès-verbaux de bureaux de vote inexploitables, fraudes...

Acheminer le matériel électoral (urnes, bulletins) dans les temps est parfois très compliqué dans ce vaste territoire aux routes quasiment inexistantes.

Pour éviter un nouveau fiasco, l'Autorité nationale des élections (ANE) a mis en place une formation de 48 heures pour les agents des bureaux de vote : comment établir des procès-verbaux, faire le décompte des voix, etc.

Dans les bureaux où il y a eu le plus de problèmes, plusieurs centaines d'agents ont été remplacés par des enseignants, des cadres de la fonctions publique ou des retraités sélectionnés, selon une source de la Minusca chargée de l'appui au processus électoral.

"Une fois que vous avez voté, ne restez pas autour des bureaux de vote pour créer une certaine tension. Rentrez chez vous, et évitez les fraudes, parce qu'il y a eu trop de fraudes et d'irrégularités au premier tour", a d'ailleurs demandé vendredi la présidente de transition, Catherine Samba Panza.

Le pays connaît une relative période d'accalmie depuis plusieurs mois, et le premier tour s'est déroulé sans incident majeur. Par précaution, les frontières aériennes, terrestres et maritimes seront toutefois fermées dimanche toute la journée, ainsi que les débits de boissons, bars, dancings et commerces, selon un arrêté du ministère de la Sécurité.

La Minusca, forte de 10 000 hommes, appuyée par les forces de Sangaris, reste mobilisée pour assurer la sécurité du vote et apporter une aide logistique.

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