Que ce soit en Ukraine ou en Syrie, l’opposition entre Moscou et les Occidentaux rappelle les confrontations politiques passées.
Doit-on craindre une nouvelle escalade ? Samedi, lors de la conférence de sécurité de Munich, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a estimé que les relations internationales ont dernièrement «glissé dans une période de nouvelle guerre froide». Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a quant à lui dénoncé «la mode de la russophobie dans certaines capitales».
A l’origine de ces déclarations qui font référence à des heures sombres du siècle dernier, la décision de l’Otan de renforcer sa «présence avancée» en Europe de l’Est, à travers notamment le déploiement d’équipements lourds par les Etats-Unis. Cette décision semble être une provocation supplémentaire pour Moscou, car le malaise vient de bien au-delà encore.
Des oppositions nombreuses
Le conflit ukrainien est une des principales raisons qui ont entraîné les profondes tensions russo-occidentales. Derrière la guerre civile, se cache en effet l’opposition entre les Occidentaux, alliés du régime de Kiev, et Moscou, qui soutient politiquement et militairement les rebelles séparatistes. Ce conflit a mené à la prise de sanctions économiques contre la Russie, plombant de manière importante son économie. Ce week-end, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a d’ailleurs exclu toute levée des sanctions, tant que les accords de paix de Minsk ne seraient pas respectés.
Parallèlement, Russes et Occidentaux s’affrontent par procuration en Syrie. Si chaque camp prétend combattre Daesh, leur façon d’y arriver diffère. «Les Russes estiment qu’il n’y a aucune raison de favoriser les groupes d’opposition et qu’il faut composer avec le régime», explique Pierre Lorrain, auteur de Moscou et la naissance d’une nation (Ed. Bartillat). Dimanche, le président américain Barack Obama a décroché en personne son téléphone pour demander à Vladimir Poutine de mettre fin aux frappes de l’armée russe contre des groupes de l’opposition.
Des acteurs clés de la paix
Malgré les récentes déclarations russes, la situation est encore loin d’être aussi grave que durant la guerre froide. «On est dans le déclaratif, personne n’a intérêt à ce que ça déborde, estime Pierre Lorrain. D’ailleurs Kerry et Lavrov se rencontrent souvent, et leurs discussions sont positives.» Pour le moment, le dialogue est toujours maintenu entre les deux «blocs». Washington et Moscou se sont d’ailleurs mis d’accord dernièrement pour un cessez-le-feu en Syrie afin d’acheminer de l’aide humanitaire.
Car chacun sait que leur collaboration sera la clé de la paix. «A-t-on vraiment besoin d’un troisième séisme mondial pour comprendre qu’il faut de la coopération plutôt que la confrontation ?», s’est demandé Dmitri Medvedev à Munich. Un argument qui devrait mettre tout le monde d’accord.